Ce dessin de Vallotton (fig. A) aurait dû figurer en tête du chapitre « Provocation au meurtre », en lieu et place de celui de Lucien Pissarro (fig. B). Concernant le remplacement de quatre de ses têtes de chapitres par des dessins de Pissarro, voir le commentaire du livre Le Grand Trimard.

Le chapitre « Provocation au meurtre » traite de l’hebdomadaire anarchiste fondé par Zo d’Axa en 1891 L’Endehors. Son titre est visible sur une feuille accrochée au mur dans le dessin de Lucien Pissarro comme dans celui de Vallotton, qui n’a pas été retenu. Lors de l’arrestation de Ravachol, un anarchiste responsable de plusieurs assassinats et attentats, le 30 mars 1892, L’Endehors a lancé une souscription en faveur des familles de détenus. Cette initiative a entraîné l’arrestation et l’emprisonnement de Zo d’Axa mais son journal a continué de paraître, jusqu’en 1893, grâce à Félix Fénéon.

Bien qu’écarté, le dessin de Vallotton semble avoir eu la faveur de Félix Fénéon, à en croire la lettre de ce dernier écrite à Zo d’Axa entre le 2 et le 9 décembre 1894. Il y laisse par ailleurs entendre que Vallotton, contrairement à Lucien Pissarro, s’est documenté pour son illustration en se rendant au siège du journal : « Quant à l’en-tête du ch. II il ne me déplaisait pas, dans une série qui vise moins à traduire un texte, qui n’a pas besoin de traduction, qu’à l’accompagner en ornement. Mais je comprends que pour le cher Endehors vous désirez quelque chose de documentaire. Cette considération mise de côté, ce serait, ma foi, l’Endehors (ch. II) et Londres (ch. III) que je préfèrerais. A vous aussi, ce Londres vous a plu. […] En ce qui concerne le chap. II, le fait que Lucien P[issarro] ne serait pas descendu au s[ous-]sol [de L’Endehors], n’a pas d’importance ; – vous le renseignerez, crayon en main. » (Lettre transcrite dans le commentaire du livre Le Grand Trimard). Zo d’Axa a sans doute pu fournir à Lucien Pissarro une photographie de la salle de rédaction de L’Endehors (fig. C) ou sa reproduction gravée par Henri Thiriat (1843-1926), parue dans L’Illustration du 10 février 1894 (fig. D), dans laquelle la figure d’Octave Mirbeau (1848-1917) remplace celle d’un homme non identifié.

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