No catalogue 008002
Crédit photographique : © The Trustees of the British Museum
Droits : Réservés
Autonome
L’ex-libris imaginaire d’Alfred de Musset (1810-1857) est paru en juin 1893 dans la septième livraison de la première série d’Ex-libris ana et ex-libris imaginaires, périodique fondé par Louis Joly. Il y occupe la planche numéro 14, en compagnie d'un autre ex-libris imaginaire, celui de Charles Baudelaire, également réalisé par Vallotton. Si nous n’avons pu mettre la main sur cette première série, son contenu nous est toutefois connu grâce au « Sommaire des ex-libris parus dans la 1re série » (fig. A) qui précise que sont publiés dans chaque livraison deux « Ex-libris imaginaires et supposés de personnages célèbres anciens et modernes », gravés sur cuivre et dont les auteurs restent anonymes. La planche reproduite ici, dont les dimensions correspondent à celles de l’Ex-libris Ch. Baudelaire, est conservée au British Museum en tant que pièce isolée.
L’ensemble des ex-libris imaginaires parus dans le périodique sont gravés sur cuivre et ne sont pas signés. Celui de Musset ne fait pas exception. Son attribution à Vallotton, dont on reconnaît d’ailleurs le style typique de la lettre dessinée, ne fait aucun doute : mentionné au Livre de raison et au Livre de comptes, il est en outre le sujet d’une correspondance échangée en 1912 par Vallotton et Fernand Vandérem (1864-1939). Bien que Vallotton ne se souvienne plus du motif de cet ex-libris (pour ces lettres, voir ici), il s’agit à l’évidence d’un emprunt à La Valse (fig. A), dernier tableau que Vallotton a peint avant la réalisation de cet ex-libris.
Musset lui-même évoque cette danse à trois temps en 1836 dans La Confession d’un enfant du siècle : « À peine entré, je me lançai dans le tourbillon de la valse. Cet exercice vraiment délicieux m’a toujours été cher ; je n’en connais pas de plus noble, ni qui soit plus digne en tout d’une belle femme et d’un jeune garçon ; toutes les danses, au prix de celle-là, ne sont que des conventions insipides ou des prétextes pour les entretiens les plus insignifiants. C’est véritablement posséder en quelque sorte une femme que de la tenir une demi-heure dans ses bras, et de l´entraîner ainsi, palpitante malgré elle, et non sans quelque risque, de telle sorte qu’on ne pourrait dire si on la protège ou si on la force. Quelques-unes se livrent alors avec une si voluptueuse pudeur, avec un si doux et si pur abandon, qu’on ne sait si ce qu’on ressent près d’elles est du désir ou de la crainte, et si, en les serrant sur son cœur, on se pâmerait ou on les briserait comme des roseaux. L’Allemagne, où l’on a inventé cette danse, est à coup sûr un pays où l’on aime. »
En 1895, lorsque Louis Joly reprend cet ex-libris dans le volume Ex-libris imaginaires et supposés de personnages célèbres anciens et modernes, il précise en avant-propos qu’il « […] représente des couples s’élançant dans l’espace, âmes souffrantes qui fuient les banalités de la vie […] » (p. III).
«Alfred de Musset» dans le sommaire des ex-libris parus dans la 1re série (premier numéro de la seconde série)
Le titre fait partie intégrante de l'illustration
1893LRZ148
«deux ex-libris grav. s. cuivre.»
1893
«deux ex libris cuivre. p Joly 50»
Léon Brunschvigg, «L'Image. La Société française des collectionneurs d'ex-libris et les ex-libris imaginaires publiés par L. Joly», Le Livre & l'image. Revue documentaire illustrée mensuelle, no 6, août 1893, p. 48.