No catalogue 014004
Crédit photographique : © Hahnloser/Jaeggli Stiftung, Winterthour (photographie : Reto Pedrini)
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Bakounine
Bakounine
Michel Bakounine
En relation avec l'article de Bernard Lazare, «Michel Bakounine», La Revue blanche, tome VIII, no 41, 15 février 1895, pp. 175-178.
Mikhaïl Aleksandrovich Bakounine, francisé en Michel Bakounine (1814-1876), issu d’une famille de la petite noblesse russe, fut un révolutionnaire, théoricien du socialisme libertaire et anarchiste qui a participé aux révoltes qui troublèrent les capitales européennes au XIXe siècle.
Le dessin de Félix Vallotton montre Bakounine en portrait de tête. Le visage est dans une position de trois-quarts gauche. Il est encadré de longs cheveux noirs bouclés, d’une barbe riche méchée ainsi que des moustaches et des favoris qui se rejoignent et qui couvrent les bas-joues, le menton et le cou. L’abondante chevelure forme, ensemble avec l’infime partie visible de la carrure, comme un aplat noir sur lequel le visage est mis en valeur. Ce dernier dégage une expression qui peut sembler grincheuse, avec les sourcils accentués, les lèvres serrés et les yeux cernés, tournés vers la gauche et insondables pour le spectateur.
Le portrait de Michel Bakounine semble avoir été dessiné d’après un cliché de François Frédéric Boissonnas dit Fred Boissonnas (fig. A) et rehausse, de toute évidence, la description faite par l’auteur du texte, le journaliste et homme de Lettres Bernard Lazare (de son vrai nom Lazare, Marcus, Manassé Bernard) :
« Ce géant hirsute, à la tête énorme, grossie encore par une chevelure broussailleuse et une barbe inculte, avait coutume de coucher tout habillé, tout botté, et c’était là le symbole de sa vie. Il n’eut pas de toit, pas de patrie, il fut toujours prêt à partir, comme l’apôtre, là où il pourrait travailler à l’avènement futur. Ce fut le propagandiste par excellence, celui qui doit toujours être sur les chemins, à toute heure et chaque jour. Sa vie accidentée et errante, l’abandon qu’il avait fait, en Russie, de ses privilèges pour aller ‹ parmi le peuple ›, ses années d’exil en Sibérie, sa fuite périlleuse, les condamnations capitales qu’il avait encourues, la prison qu’il avait subie, tout cela ajoutait à son prestige. Il apparut à ceux qui le connurent comme un être étrange et même mystérieux, et son pouvoir sur les esprits en fut doublé. Mais ce n’est pas seulement à ces apparences extérieures qu’il dut d’être un agitateur incomparable, il le dut à son ardeur, à sa foi et à sa passion, et ces dons et ces défauts même en firent un entraîneur d’hommes » (p. 178).
Avec ce masque, Vallotton répond donc aussi à l’image qu’on se faisait de Bakounine ; il traque simultanément la ressemblance de l’anarchiste et le héros ambigu que la postérité a conservé. Il a par ailleurs réalisé un premier masque de Bakounine, non retenu et inédit (fig. B).
L’illustration est placée à la fin de l’article. Elle n’est pas mentionnée dans le sommaire du fascicule.
Non spécifié
Monogrammé en bas à droite
«Illustrations / Félix Vallotton: Bakounine», dans la table du premier semestre de 1895
1895LRZ244a
«Bakounine. dessin»
1895
«portr dessin Bakounine, Rev. blanche 5»
Cette illustration a fait l'objet d'un tiré à part.
Almanach de la question sociale illustré pour 1897, septième année, 1897, p. 179
Die Aktion. Wochenschrift für Politik, Literatur, Kunst, 7. Jahr, Franz Pfemfert éd., no 13, 30 mars 1917, colonne 160
Die Aktion. Wochenschrift für Politik, Literatur, Kunst, 16. Jahr, Franz Pfemfert éd., no 6, 1926, en couverture.