En relation avec l'article de Gustave Kahn, «Théâtre. Séverin au théâtre des funambules», La Revue blanche, tome XVII, n^o 133, 15 décembre 1898, pp. 631-632.

Le visage grimé de Séverin Cafferra, dit Séverin (1863-1930), sert admirablement la main de Vallotton : celui-ci se plaît visiblement à reproduire le maquillage elliptique du mime français, ici en Pierrot, l’un de ses rôles les plus acclamés au tournant du XX^e siècle. Élément amusant, c’est le masque d’un masque que signe Vallotton, appliqué à n’en poser que la ponctuation sommaire avec deux sourcils en parfaits demi-cercles, les yeux cernés de crayon khôl et la bouche en cœur étroit. La logique circulaire qui prévaut dans le masque maquillé trouve un écho dans la composition du masque portraituré, puisque Vallotton cadre l’effigie de Séverin en un quasi tondo, l’arrière-fond est aussi noir et rond que la calotte du mime, qui s’y confond.

Si aucune source n’est connue pour ce portrait dessiné, il est saisissant de noter à quel point Vallotton sert, à son tour, la plume de Gustave Kahn (1859-1936), poète symboliste et critique d’art français qui applaudit ici la réouverture du théâtre des mimes Deburau, Le Théâtre des Funambules à Paris. « […] [V]oici de nouveaux agents d’intérêt. La lumière électrique intervient. Elle accuse étrangement le masque blanc, elle augmente les nécessités de plastique du Pierrot, elle le met en demeure de se souvenir de ce monde lunaire et violent que créa Chéret. Pierrot entre dans la comédie lyrique, dans la féerie lyrique : il y entre avec Séverin, c’est-à-dire avec toutes les possibilités de grand art » (p. 632). Et le tondo de devenir projecteur poursuite, si l’on admet un Vallotton sensible aux moyens du spectacle électrique.

Un monogramme inhabituellement placé sur le pourtour supérieur du dessin coiffe ce cul-de-lampe moins univoque qu’il n’y paraît, un parfait Pierrot.

«Illustrations / Félix Vallotton: Séverin», dans la table du tome XVII

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