No catalogue 023000
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
En 1895 paraît à Paris le Livre de Marguerite, livre d’amour en vers de Mathias Morhardt, avec une illustration d’Alexandre Perrier. Initialement prévu pour être publié en 1894 à Genève, chez Charles Eggimann, cet ouvrage devait comporter un titre et huit encadrements de pages xylographiés par Vallotton, constituant sa première commande d’illustrations pour un livre. Cependant, bien que très abouti, ce projet éditorial n’a jamais vu le jour. Il permet toutefois de montrer les liens étroits que Vallotton entretenait alors avec ses contemporains du milieu artistique et littéraire genevois domiciliés comme lui à Paris.
L’éditeur, Charles Eggimann (1863-1948), est né à Orbe. Il s’établit à Paris à l’âge de quinze ans, avant d’ouvrir une librairie à Genève en 1891 et de se lancer dans l’édition. Après son mariage, il s’installera définitivement à Paris en 1904. Vallotton a dessiné pour lui une marque d’éditeur, un logotype, qui est imprimé sur la page de titre de toutes ses publications à partir de 1895 et au moins jusqu’en 1899. Il représente, navigant sous des rayons de soleil stylisés, une barque à voile latine caractéristique du lac Léman. Sous l’image, en dehors du cadre, on distingue le monogramme « FV » qui, une fois n’est pas coutume, n’est pas inscrit pas dans un cartouche. Quant aux lettres « CEC », elles sont l’abréviation de « Charles Eggimann & Cie ». Due à un auteur inconnu, la précédente marque d’éditeur utilisée par Eggimann en 1894 et 1895 associait déjà un voilier du même type à l’inscription « Ad portum » (Au port), que Vallotton a reprise dans son dessin.
La voile latine a donné son nom à la revue devenue l’organe des écrivains actifs en Suisse romande, notamment Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947), à partir d’octobre 1904. Sa symbolique, rattachée à la latinité de la Suisse romande par opposition à l’helvétisme et à ses symboles, existait cependant déjà, comme le montre cette marque d’éditeur et comme le souligne Philippe Monnier : « Enfin, sur la même lancée, paraît, début 1904, toujours chez Eggimann, le recueil collectif intitulé Les Pénates d’Argile, composé d’œuvres de Ramuz, Adrien Bovy, Alexandre et Charles-Albert Cingria. Ce livre est considéré à juste titre comme la première pierre du mouvement de renouveau de la littérature romande connu sous le nom de La Voile latine ; or, cette voile si caractéristique des barques du Léman orne également la marque d’éditeur de Charles Eggimann, avec la belle devise ‹ Ad portum ›. Ainsi, qu’on le veuille ou non, Eggimann se trouve placé concrètement et symboliquement dans une position-clé de notre histoire littéraire. Ne serait-ce qu’à ce titre, son nom mérite de survivre. » (Philippe M. Monnier, « Une vie au service du livre : Charles Eggimann, éditeur, imprimeur et libraire », in : Librarium : Zeitschrift der Schweizerischen Bibliophilen-Gesellschaft / Revue de la Société Suisse des Bibliophiles, vol. 22, no 2, 1979, p. 80).
Dimensions probablement variables
CEC
Le titre fait partie intégrante de l'illustration.
Non cité
Non cité