No catalogue 026003
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
En relation avec le texte éponyme (commentaire de Jules Renard)
Hiver est paru en troisième page du numéro de Nib constitué de « Dessins de Félix Vallotton, commentés par Jules Renard ». Ainsi que l’écrit Clément Dessy, « [l]a troisième page du Nib montre une réception rassemblant plusieurs grappes de personnes en conversation. Le contenu de leurs échanges est reproduit de manière presque cartographique : la disposition des dialogues, sous l’image, imite visuellement celle des personnages auxquels les mots sont attribués. Les lieux communs y abondent et sont formulés de manière humoristique. » (Clément Dessy, « Nib par Jules Renard et Félix Vallotton : une réinterprétation des rôles », in : Dessy, 2015/1, p. 93).
De haut en bas et de gauche à droite, on lit :
« J’arrive à le tenir même avec mon nombril.
– Êtes-vous musicienne, oui ou non ? / – Non, mais j’aime beaucoup la musique. / – Si vous aimez la musique, vous êtes musicienne, il n’y a pas à tortiller.
Eloi entre au salon, juste comme une petite dame maigre, à la peau noire, déclare, d’une voix sèche, qu’elle trouve son dernier livre écœurant. Eloi, qui n’est pas sourd, dit : / – Je vous en prie, madame, continuez. / La petite dame noircit encore et bat des coudes sur sa chaise, comme un merle pris à la glu. / Personne ne souffle. On se croirait dans une grotte, le soleil éteint. / – Madame, dit Eloi, vous avez l’air gêné. Pourquoi ? mon livre vous choque, je le regrette, mais gardons-nous, s’il vous plaît, de mêler la littérature et les sentiments, et croyez que si vous étiez jolie, votre dédain pour l’artiste n’empêcherait pas le galant homme que je suis de coucher avec vous.
– Vous n’êtes pas fatigué de rester debout ? / – J’ai l’habitude, c’est dans mes propres jambes que j’étudie le mieux les mœurs des fourmis.
– Mon cher maître. / – Monsieur le poète hurleur, appelez-moi :‹ vieille bête › ; c’est moins long, ça ne me froisse pas et vous aurez l’air plus jeune.
– Sans doute, Monsieur, mais le divorce serait inutile, si, le jour du mariage, au lieu de mettre l’anneau au doigt de sa femme, on le lui passait dans le nez.
– Que signifie exactement ‹ cosmopolite ? › / Mademoiselle, on appelle ‹ cosmopolites › des gens qui mènent la vie à grandes guides Conti.
Attaché à l’ambassadrice par son beau corps diplomatique : larbin international, le larbin tout court n’étant qu’un homme du monde avec des taches de graisse.
– La commission supérieure a beaucoup travaillé aujourd’hui : elle s’est divisée en quatre sous-commissions.
– Ça, du thé ! c’est un rince-bouche avec du sucre. Je le bois ici. Chez moi, je m’en laverais les pieds.
Il a beau faire, mon voisin, je m’embête encore plus que lui, et le lierre me pousse ! »
Hiver a fait l’objet d’un tirage à part de même format que sa reproduction dans Nib. Exposé du 10 mai au 10 juin 1895 à la Galerie Laffitte sous le numéro X (« Hiver, par Vallotton ») dans la section « Publications de La Revue blanche », il se vendait 2 francs.
«Dessins de Félix Vallotton, commentés par Jules Renard» (page 2)
Le titre est celui sous lequel le tiré à part a été exposé
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Clément Dessy, «Nib par Jules Renard et Félix Vallotton : une réinterprétation des rôles», in: Dessy, 2015/1, pp. 93–94
Cette illustration a fait l'objet d'un tiré à part, de même format que la reproduction dans Nib, imprimé sur des feuilles de dimensions variables.