No catalogue 026000
Nib, no 1, 1er janvier 1895, première et quatrième de couverture par Henri de Toulouse-Lautrec et Tristan Bernard
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Droits : Ouverts
Nib
Nib
Supplément à La Revue blanche / Supplément de La Revue blanche
Supplément de La Revue blanche, Nib – « rien » en argot – succède au Chasseur de chevelures, dont le dernier numéro est publié le 1er janvier 1894. Inséré dans La Revue blanche sous la forme d’une feuille imprimée recto-verso et pliée, il paraît trois fois, à six semaines d’intervalle, les 1er janvier, 15 février et 1er avril 1895. Chacun des numéros est réalisé par un tandem composé d’un artiste et d’un homme de lettres : Toulouse-Lautrec et Tristan Bernard, Félix Vallotton et Jules Renard, Pierre Bonnard et Romain Coolus.
Bien que certains des contributeurs aient également pris part au Chasseur de chevelures (Bernard, Renard, Coolus et Vallotton), Nib se distingue de ce premier supplément par son caractère hautement allusif et par la place centrale accordée à l’image.
Le deuxième numéro de Nib, qui associe Félix Vallotton et Jules Renard (1864-1910), introduit une formule originale : le texte est subordonné au dessin, comme l’indique le titre en page deux : « Dessins de Félix Vallotton, commentés par Jules Renard ». En page trois, dans Hiver, les dialogues vont jusqu’à prendre graphiquement la forme des personnages dessinés auxquels ils se réfèrent.
Cette inversion de la hiérarchie habituelle entre texte et image caractérise la collaboration de Jules Renard et Félix Vallotton dans Le Rire, où paraît le 16 mars 1895 Au Voleur ! / Fantaisie. Par MM. F. Vallotton et Jules Renard. Comme dans Nib, le dessin précède le texte qui lui sera associé, ainsi qu’il ressort d’une lettre de Renard à Vallotton datée du 27 février 1895 : « Je n’ai pas encore commenté votre dessin pour le rire puisque nous devons d’abord nous concerter. » (Documents, vol. I, lettre 64, p. 126).
Ce type d’interaction, qui bouleverse la définition traditionnelle de l’illustrateur, censé mettre en images un texte existant, culminera dans Les Rassemblements. Publié en avril 1896, le livre comprend trente dessins de Vallotton reproduits hors-texte, dont la particularité est d’avoir précédé les nouvelles assorties, commandées à quinze auteurs, tous collaborateurs de La Revue blanche.
Ce deuxième numéro de Nib et Les Rassemblements sont représentatifs de l’approche novatrice adoptée par La Revue blanche, qui assure à l’artiste un rôle plus actif dans la création d’une publication.
Bien que Vallotton soit engagé par La Revue blanche comme illustrateur dès le 1er février 1895, avec pour premier dessin publié un portrait d’Edgar Allan Poe, le projet de collaboration à Nib avec Jules Renard a germé un peu avant, d’après ce que ce dernier écrit à Vallotton le 30 novembre 1894 : « Quelque jour, en sortant de la Revue Blanche, où vous vous serez entendu avec ces messieurs pour notre collaboration, voulez-vous passer rue du Rocher. » (Documents, vol. I, lettre 59, p. 117).
Six dessins de Vallotton composent ce numéro de Nib. Les trois premiers – Que les chiens sont heureux !, Été, Hiver – occupent chacun une page tandis que les trois autres, rassemblés sur la dernière page, sont de fausses publicités, pour la Saxoléine, pour Impérial russe de Guerlain et pour le livre de Jules Renard, Poil de Carotte, paru fin 1894.
Confirmant l’ambition esthétique de Nib, La Revue blanche nous apprend qu’« [i]l a été tiré sur grand vélin / pour collectionneurs/ Vingt exemplaires numérotés et signés de chaque numéro du / NIB / (1er janvier) Texte de Tristan Bernard / Estampes de Toulouse-Lautrec. / (15 février) Dessins de Félix Vallotton / commentés par Jules Renard. / L’exemplaire : 10 francs. » (pages d’annonces des numéros du 15 février et du 1er mars 1895).
1895LRZ235
« le Nib. journal. revue blanche »
1895
« Le "Nib". Revue blanche 60 »
St-James, 1979, [p. 5]
Paul-Henri Bourrelier, « NIB ou le nihilisme gouailleur », in : Bourrelier, 2007, pp. 478-481
Clément Dessy, « Nib par Jules Renard et Félix Vallotton : une réinterprétation des rôles », in : Dessy, 2015/1, pp. 93–96