No catalogue 014002
Crédit photographique : © Hahnloser/Jaeggli Stiftung, Winterthour (photographie : Reto Pedrini)
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La parution dans La Revue blanche de ce portrait dessiné d’Edgar Allan Poe (1809-1849) succède de peu à l’exécution de la xylographie A Edgar Poe (Vallotton et Goerg, 1972, no 147), dont il s’inspire et dont Vallotton avait fait parvenir une épreuve à Jules Renard le 24 novembre 1894. Félix Fénéon, de son côté, en avait adressé un exemplaire à Stéphane Mallarmé, accompagné de ces mots (voir ici) : « Cher Monsieur Mallarmé, / Voici, de la part de Félix Vallotton, qui demeure rue des Saint-Pères, 60, un Edgar Poe. / C’est dans son numéro de février que la Revue blanche publiera la traduction des lettres » (Félix Fénéon à Stéphane Mallarmé, [janvier 1895], Stéphane Mallarmé, Correspondance, tome VII, Juillet 1894 – Décembre 1895, Lloyd James Austin et Henri Mondor [éd.], Paris : Gallimard, 1982, p. 127, note 1).
Tout premier dessin de Vallotton à paraître dans le titre des frères Natanson, ce portrait de Poe illustre la traduction de onze lettres de l’écrivain américain par Félix Fénéon, le nouveau secrétaire de rédaction de La Revue blanche depuis janvier 1895, qui a appris l’anglais durant son incarcération. À la différence des quelque nonante autres illustrations de Vallotton parues dans le périodique jusqu’en 1902, Poe n’est pas représenté sous la forme d’un masque, mais d’un dessin circonscrit dans un rectangle qui le montre à sa table de travail, comme on le verra aussi dans un dessin publié deux ans plus tard.
À fin 1894, Vallotton et Fénéon sont en contact étroit autour du livre de Zo d’Axa, Le Grand Trimard, en partie illustré par Vallotton. Sans doute parlent-ils aussi d’Edgar Poe dont l’un traduit des lettres et l’autre taille le portrait dans un bloc de bois. Cette xylographie figure d’ailleurs au Livre de raison de Vallotton à côté des dessins exécutés pour Le Grand Trimard. On relèvera avec intérêt la parenté de notre portrait dessiné de Poe avec le dessin inédit prévu comme illustration du chapitre « Provocation au meurtre » du Grand Trimard. C’était l’un des préférés de Fénéon qui a regretté de le voir rejeté par Zo d’Axa (voir ici). Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que Vallotton ait repris le motif de la table de travail, des feuilles éparses et de l’encrier dans un dessin pareillement circonscrit dans un rectangle.
Vallotton a aussi peint un portrait de l’auteur américain, le seul mystérieusement disparu d’une série de portraits décoratifs consacrés aux écrivains et poètes : Paul Verlaine, Alfred de Vigny, Émile Zola, Victor Hugo et Charles Baudelaire, ainsi qu’au compositeur Hector Berlioz (Portrait décoratif d’Edgar Poe, 1901, huile sur carton [Ducrey 2005, no 368]). On peut supposer que ce portrait peint s’inspirait, comme la xylographie, du portrait au daguerréotype d’Edgar Allan Poe de 1848, dit « Ultima Thule » (original conservé à Worcester, American Antiquarian Society).
«Illustrations / Félix Vallotton: Poe», dans la table du premier semestre de 1895
A. Félix Vallotton, dessin définitif pour Poe, 1895, encre de Chine et mine de plomb sur papier, 11 x 15,5 cm (à vue), collection particulière
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