La jaquette illustrée des Rassemblements est reproduite et commentée en 1898 dans L’Art dans la décoration extérieure des livres, ouvrage d’Octave Uzanne dans lequel on peut lire qu’elle présente « […] une collection de bonshommes très typiques enchâssés les uns dans les autres, avec une ingéniosité ‹ fumiste ›, dans la plus ‹ scapine › des perspectives audacieuses. M. Valloton dessine comme Henri Monnier écrivait, et l’éloge n’est pas mince » (p. 83). La jaquette comporte non seulement des allusions au sujet du livre, l’observation des mœurs de la rue, mais aussi au livre en lui-même. Ainsi, la colonne Morris avec sa publicité pour La Revue blanche, dont les quinze auteurs des Rassemblements sont collaborateurs, ou les deux personnages représentés dans le coin inférieur gauche : un artiste, cartable à dessins sous le bras, en conversation avec un homme barbu, qui n’est autre qu’Uzanne.

À en croire la place qu’elle occupe dans le Livre de raison et dans le Livre de comptes en fin d’année 1895 (voir ici, rubriques Livre de raison et Livre de comptes), l’illustration de la jaquette a été conçue après l’achèvement des trente dessins reproduits à l’intérieur du livre. À la différence de ces derniers, c’est le dessin préparatoire, et non définitif, de la jaquette qui est rehaussé à l’aquarelle (sur ce point voir ici). Comme pour les huit autres dessins existant en version préparatoire et en version définitive, le second dessin de la jaquette est une mouture plus précise du premier (mais contrairement aux huit autres dessins préparatoires, le pourtour de l’esquisse préparatoire est ici tracé à main levée). Vallotton ajoute quelques personnages en haut à gauche et le profil d’un enfant au centre à gauche, et modifie ou détaille l’apparence de quelques vêtements.

Il arrive à Vallotton d’insérer une typographie dessinée dans ses illustrations. D’autres fois, sa composition comprend des cartouches, espaces délimités et réservés à l’intégration du texte imprimé. Dans le cas présent, cinq cartouches sont laissés vides dans les dessins préparatoire et définitif, et le restent dans les épreuves avant la lettre (Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie, DC-292 [C, 2 bis]-FOL ; Lausanne, Fondation Félix Vallotton, épreuve photogravée par Rougeron, Vignerot et Cie). C’est à l’étape de l’impression que la titraille et d’autres informations liées à l’illustration et à l’édition ont été insérées dans ces cartouches, lesquels ont été introduits dans un motif d’affiche ambulante transportée sur une voiture à bras, élément que l’on retrouve dans la vignette de François Courboin en page 69.

Le prospectus des Rassemblements vante « […] la couverture sur vieux japon et […] la double couverture en superbe papier à décoration d’or mat […] ». Cette dernière est une jaquette de protection, en papier doré, placée sous la jaquette illustrée. Toutes deux sont amovibles.

Monogrammé en bas à gauche

La jaquette illustrée mesure 34 x 54 cm (rabats compris), le motif seul 24 x 37,5 cm.

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Octave Uzanne, L'Art dans la décoration extérieure des livres en France et à l'étranger, Les couvertures illustrées, les cartonnages d'éditeurs, la reliure d'art, Paris, Société française d'éditions d'art, 1898, pp. 63 (repr.), 82–83.

Morel, 2001, p. 200

Morel, 2002, p. 73

L'annonce de parution publiée dans La Revue blanche du 1^er avril 1896 est illustrée d'un détail de la jaquette sur lequel on voit la colonne Morris et sa publicité pour La Revue blanche.