No catalogue 038017
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
Les Affiches lumineuses
Les Affiches lumineuses
En relation avec Romain Coolus, «Les Affiches lumineuses», pp. 109–116.
Le texte de Romain Coolus (1868-1952) fait référence au dessin de Vallotton dans les passages suivants : « Aussi la perspective de quelques heures noires, bien reposantes, bien pacifiantes nous est-elle comme un rafraîchissement. On pourra déambuler à l’aveuglette, en tâtonnant délicieusement, sans être forcé de rien voir, sans être tenu de rien regarder. […] Hélas ! vous et moi avons compté sans les murs, car les murs ne désarment point. […] La nuit avait vaincu l’affiche ; l’affiche triomphe de la nuit ; elle en surgit victorieuse, lumineuse et despotique ; l’écran – un écran d’arrêt – nous agrippe au passage. Et devant nos yeux hypnotisés, malgré eux, malgré nous, défilent des théories d’ombres chinoises (le voilà bien, le péril chinois !) ; la projection nous persécute ; elle nous assène du spectacle, comme on travaille d’un coup de poing une face désagréable ; le supplice de voir n’a point cessé au crépuscule. La séance continue. […] À tout ce petit monde museur, badaud, curieux et goguenard, au long de longues soirées, les affiches lumineuses donnent gratuitement la lanterne magique. » (pp. 114-116). Parmi la foule se bousculant devant une vitrine, on trouve « l’éternel petit pâtissier » (p. 114), « le camelot-éphèbe » (p. 115), « le chasseur du café voisin » (p. 115) et « divers messieurs dômés de feutres cucurbitant la jeune modiste » (p. 115).
L’illustration de Vallotton évoque l’attraction de l’éclairage nocturne, avec des projections microscopiques d’insectes (des spectacles sont alors consacrés aux « invisibles »), des enseignes lumineuses (« l’agence des théâtres ») et de la publicité lumineuse (sous forme de panneaux vierges qui en réalité devraient correspondre à des affiches de théâtre). À propos de cette dernière, Stéphanie Le Gallic avance : « Or c’est à cette période [les années 1890], quand la lumière électrique était encore rare dans les rues et encore plus chez les particuliers, qu’un usage original des lampes à incandescence commença à se développer : la publicité lumineuse. Celle-ci était apparue pour la première fois à New York en 1892 et était rapidement devenue une attraction touristique. À Londres, sensible à la question de l’esthétisme urbain, fût-il nocturne, une partie de l’administration et des architectes se montra réticente face à cette évolution paysagère. Cette opposition précoce ne trouvait son équivalent ni à New York ni même à Paris où la publicité lumineuse apparut aussi avant la fin de la décennie. Dans le même temps, par sa nouveauté, cette publicité suscita de la curiosité et un certain émerveillement de la part des passants. Elle se développa donc entre résistances et enthousiasmes. C’était un usage électrique innovant, le premier vraiment identifiable par la population depuis la mise au point du télégraphe électrique puis de la téléphonie dans la seconde moitié du XIXe siècle. » (Stéphanie Le Gallic, « Une utilisation controversée des lampes à incandescence : les Illuminated Signs londoniens [1890-1914] », Revue d’histoire du XIXe siècle, no 45, 2012, p. 100).
Monogrammé en bas à droite
A. Félix Vallotton, dessin définitif pour Les Affiches lumineuses, 1895–1902, crayon, encre de Chine et rehauts d'aquarelle sur papier vergé, 26 x 20,7 cm, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Acquisition, 2013. Inv. 2013–019
Crédit photographique : © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne
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