Autonome

« Sauvez Rome et la France / par votre Sacré-Cœur » est le refrain originel du cantique populaire Pitié mon Dieu, aussi appelé Cantique national ou Cantique du Sacré-Cœur, composé par Aloÿs Kunc (1832-1895) à l’occasion de l’inauguration de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Écrit dans un Paris assiégé par les Prussiens lors de la guerre franco-allemande de 1870 et dans le contexte de la question romaine – controverse politique concernant le statut de Rome, siège de la papauté mais aussi capitale du royaume d’Italie –, ce cantique est devenu l’hymne des catholiques nationalistes.

Le renvoi au cantique dans la légende de l’illustration de Vallotton, écrite de la main de l’artiste sur le dessin original, est à situer dans le contexte de l’affaire Dreyfus. Il désigne l’agresseur dans le nationaliste antidreyfusard. Ainsi que le relève Ashley St-James dans son ouvrage Vallotton dessinateur de presse, « En blouse et casquette, c’est un ouvrier qui retient l’antidreyfusard de piétiner le ‹ révisionniste › tombé à terre. » (St-James, 1979, n^o 58).

Toutefois, la Revue des revues du 1^er février 1899 donne de ce dessin une interprétation farfelue, sous la rubrique « Caricatures de la quinzaine » : « F. Vallotton nous fait la synthèse de son âme dans le dessin du Cri de Paris, où on voit les trois représentants du pays : le prêtre, le militaire et le bourgeois échangeant des coups mortels. Hélas ! l’‹ affaire › continue ! » Or, il s’agit bien du présent dessin qui est reproduit à la page suivante, sans sa légende, sur lequel on ne voit ni prêtre, ni militaire.

PHG. V. Michel

Dessin de Félix Vallotton

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«Caricatures de la quinzaine», Revue des revues, 1^er février 1899, pp. 349-350

St-James, 1979, n^o 58

Morel, 2001, p. 196

Morel, 2002, p. 30

Almanach de la question sociale illustré pour 1900, dixième année, 1900, p. 80