No catalogue 051116
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
Un Geste auguste
Un Geste auguste
– Je ne donne pas ma démission..... (Le duc d'Orléans)
Philippe d'Orléans
Autonome
Le duc Philippe d’Orléans (1869-1926) est prétendant au trône de France depuis la mort de son père en 1894. Il passe l’essentiel de sa vie en Angleterre en vertu des lois d’exil qui, depuis 1886, tiennent la famille royale éloignée de France. Le « geste auguste » qui donne son titre au dessin de Vallotton se réfère au coup de pied porté au derrière de Philippe d’Orléans pour lui signifier son expulsion d’un cercle privé londonien.
Pour la lecture de ce dessin, commençons par l’analyse proposée par Ashley St-James dans son ouvrage Vallotton dessinateur de presse : « Une indiscrétion du dessinateur Willette a rendu publique une lettre de Philippe, duc d’Orléans et prétendant au trône. Les critiques qu’il formule contre l’Angleterre sont d’autant plus inadmissibles aux yeux des Anglais qu’il est leur hôte depuis la loi du 23 juin 1886 bannissant de France les membres des familles royales. Exclu du club Saint-James, le prétendant n’a su répondre que : ‹ Je ne donne pas ma démission… › » (St-James, 1979, no 88).
Suite à la parution, le 23 novembre 1899, d’un numéro spécial du Rire, entièrement composé par Adolphe Willette et intitulé V’la les English !... (voir aussi la couverture de Vallotton pour Le Cri de Paris du 10 décembre 1899), le duc d’Orléans adresse une lettre de félicitations à Willette, lequel la présente ensuite à des journalistes. Rendue publique via le quotidien anglais Morning Post, la missive sera même reproduite dans The New York Herald le 27 février 1900 (« Text of Orléans’ Letter »). L’affaire soulève une vague d’indignation et provoque l’éviction du duc de trois clubs londoniens.
Le 19 mai 1900, un article titré « Une Lettre du duc d’Orléans » paraît dans le supplément de La Croix et donne de plus amples détails sur l’affaire : « À la suite de la publication de sa lettre à Willette, le duc d’Orléans avait résolu de donner sa démission des trois grands cercles de Londres dont il fait partie. C’est ce qu’il vient de faire pour deux d’entre eux, le ‹ Saint-James › et le ‹ Marlborough ›. Quant au ‹ Bachelor’s Club ›, le Comité de ce cercle ayant émis la prétention d’exiger de lui la remise de cette démission, le duc d’Orléans vient de faire parvenir à son président la lettre suivante : ‹ Venise, le 15 mai 1900 / Monsieur le président / Le Comité du ‹ Bachelor’s Club › me met en demeure de donner ma démission de membre de ce cercle. Il ne trouve pas suffisantes, paraît-il, les explications que j’ai bien voulu lui faire parvenir. À ces explications, je n’ai rien à ajouter ni rien à retrancher. […] / Il était dans mes intentions de vous donner ma démission. Votre procédé me fait changer d’avis je vous la refuse. / Je veux que vous délibériez sur ma radiation. […] J’attends votre décision. Quelle qu’elle soit, la mienne est prise. Philippe. › ».
La légende du dessin de Vallotton résume en fait la conclusion de la lettre du duc d’Orléans au président du Bachelor’s Club, parue dans La Croix une semaine seulement avant la publication de la présente couverture du Cri de Paris.
Monogrammé en bas à droite
Dessin de Vallotton
A. Félix Vallotton, dessin définitif pour Un Geste auguste, 1900, encre de Chine sur papier, 26 x 20 cm, collection particulière
Crédit photographique : ____
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St-James, 1979, no 88