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Illustrations de livre

No catalogue 067002

Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)

Droits : Réservés


Sans titre [Félix Vallotton 2]


Titre

Sans titre [Félix Vallotton 2]

Sujet
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Spécifications liées au titre
Sans titre

Parution dans
Date
1898 (Avant le 11 Juillet)
Page
p. 1
Emplacement
Corps du livre in-texte
Relation illustration-texte

Autonome


Commentaire

Ce dessin représente une plante à fleurs stylisée, formée d’une longue tige droite à laquelle sont rattachées, de part et d’autre, de petites feuilles. À son extrémité se trouve une unique fleur. Les pétales de la corolle ont une extrémité dentelée. Ils décrivent un cercle incomplet qui prend les traits d’un visage au sourire bienveillant.

L’ornement de Vallotton est placé dans la marge séparant les deux colonnes de texte. Il y fait office de filet vertical qui structure l’espace attribué aux textes allemand et français. La vignette est reprise à l’identique à la page 41. Cette fleur anthropomorphe se retrouve, sous des formes légèrement variées, sur toutes les pages impaires de la monographie (en ce qui concerne les pages paires, voir ici), à l’exception des pages 64 à 68, contenant la liste d’œuvres.

Les dessins définitifs, qui sont parvenus jusqu’à nous, permettent de mieux comprendre la méthode de travail choisie par l’artiste pour ce projet : Vallotton a d’abord dessiné une maquette de fleur, puis vingt expressions faciales différentes (fig. A), allant de la joie à la tristesse, en passant par la surprise et la colère. Ce sont donc uniquement les émotions du visage qui changent, tandis que le corps de la plante – le volume de la tête ainsi que la forme de la fleur – demeure identique. 

En déclinant ces différents faciès, Vallotton parvient à éviter avec brio le piège du motif répété jusqu’à la lassitude. Il s’inscrit par ailleurs dans un discours particulier, celui des émotions humaines, de leur perception et de leur représentation visuelle.

Au milieu du XIXe siècle, les investigations de Guillaume Duchenne de Boulogne (1806-1875) insufflent un nouvel élan à la représentation des expressions faciales, tant conceptuellement que pratiquement. Ce médecin neurologue français capte les expressions de ses sujets d’étude en stimulant électriquement leurs muscles faciaux, expériences qu’il archive photographiquement afin de pouvoir ensuite les analyser. Publiées en 1862 dans le livre Mécanisme de la physionomie humaine, ou analyse électro-physiologique de l’expression des passions (Paris : Librairie Vve Jules Renouard), ces images sont reprises dans différents contextes, et notamment en art. Mathias-Marie Duval (1844-1907), professeur d’anatomie à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Paris, utilise par exemple dès 1874 des agrandissements de ces photographies dans le cadre de son enseignement. En 1872, ces photographies sont employées par Charles Darwin (1809-1882) pour son ouvrage sur l’expression humaine et animale, The Expression of the Emotions in Man and Animals (Londres : John Murray, 1872).

Les fleurs à visage humain dessinées par Félix Vallotton reflètent de manière ludique et originale cette investigation des expressions faciales : l’artiste se borne à rendre par quelques traits seulement les émotions passagères. Un certain lien s’établit entre la pratique de Vallotton et celle du peintre Charles Le Brun (1619-1690), dont les « têtes d’expression » sont, pour quelques-unes, plus ou moins schématisées et réduites à quelques trais, telle l’expression de la joie (voir fig. B, à droite). Le Brun donne en 1668 une conférence, devenue célèbre, sur l’expression des passions. Les dessins par lesquels il illustre son exposé connaissent un grand succès. Tant la conférence que les dessins seront publiés de manière posthume, à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècles, dans différentes éditions, notamment Caractères des passions gravés sur les desseins de l’illustre Mons.r le Brun / Par S. le Clerc, [s.l.d.].

Pour terminer, il est intéressant de comparer les fleurs anthropomorphes aux masques, ces portraits synthétiques de célébrités du monde politique et culturel que Vallotton réalise dès 1894 pour différentes revues et grâce auxquels il acquiert une première renommée internationale. L’artiste y insiste sur les signes expressifs permanents, les traits particuliers de la personne, mis en évidence par des aplats noirs et blancs qui dominent, voire constituent, la composition. Dans les fleurs à visage humain en revanche, qui décrivent des émotions passagères, les grandes surfaces uniformes sont absentes, le tout étant quasiment fait au trait.

Nadine Franci


Format
Inférieur à une demi-page
Composition
Flottante
Couleur
Noir et blanc
Signature

Non monogrammé

Autre·s mention·s sur l’illustration
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Autre·s mention·s en marge de l’illustration
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Remarques
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Images de comparaison

A. Félix Vallotton, dessins originaux pour l'ornementation de Julius Meier-Graefe, Félix Vallotton, 1897, encre de Chine sur papier, dimensions et localisation actuelles inconnues


Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton

Droits : Réservés

B. La Joye, planche 2 de Caractères des passions gravés sur les desseins de l'illustre Mons.r le Brun / Par S. le Clerc, [s.l.n.d.]

Crédit photographique : © ETH-Bibliothek Zürich, Rar 2776

Droits : Ouverts


Livre de raison

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Livre de comptes

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Honoraires
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Bibliographie
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Reprise·s
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Liens
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Fiche liée
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