Le 22 octobre 1908, Clemenceau nomme l’ingénieur Alfred Picard (1844-1913) à la tête du ministère de la Marine en remplacement de Gaston Thomson (1848-1932). Ce dernier a démissionné après un exercice de tir à bord du croiseur cuirassé Latouche-Tréville qui a provoqué la mort de quatorze marins le 22 septembre 1908.

Vallotton montre Picard face à la gabegie laissée par son prédécesseur, telle qu’elle est décrite dans le même numéro de La Grande Revue : « [...] on pouvait être certain que tout le temps du nouveau ministre [dont chacun connaît les qualités administratives, la puissance de travail] serait consacré aux affaires de son département et qu’un grand effort serait fait en vue de remédier à la désorganisation signalée à la tribune. » (non signé « M. Alfred Picard, ministre de la marine », La Grande Revue, n^o 21, 10 novembre 1908, p. 204).

Dans le capharnaüm des paperasses qui recouvrent le bureau on distingue notamment deux obus. L’un, au premier plan, porte l’inscription « POUDRE B », qui renvoie à l’affaire du cuirassé Iéna. Le 12 mars 1907, dans le port militaire de Toulon, des explosions à bord du navire ont projeté des éclats à des centaines de mètres et causé 118 morts. L’enquête parlementaire ordonnée à la suite de cette catastrophe a mis en cause la poudre B, utilisée dans le chargement des munitions, qui devenait instable avec le temps et s’auto-enflammait. Désarmé le 3 juillet 1907, l’Iéna a poursuivi sa carrière comme navire cible de tir, permettant notamment à la Marine de mettre au point des obus perforants.

Une photographie parue en couverture de L’Illustration le 24 octobre 1908 est la source iconographique du dessin de Vallotton.

Un croquis de Félix Vallotton

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