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Périodiques

No catalogue 103000

La Grande Revue, no 7, 10 avril 1907, première de couverture illustrée d’une vignette de George Desvallières

Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton

Droits : Réservés


La Grande Revue


Titre

La Grande Revue

Sous-titre
____
Supplément de
____

Type de périodique
Revue
Langue·s
Français
Lieu de publication
Paris

Périodicité
Mensuel
Date de début de parution
1897
Remarques
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Date de fin de parution
1940
Remarques
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Dates de la collaboration de Félix Vallotton
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Commentaire

Jacques Rouché (1862-1957), le mécène et futur directeur de l’Opéra de Paris de 1913 à 1945, fait l’acquisition en 1907 de La Grande Revue. Jusqu’en 1940, date à laquelle elle cesse de paraître, il dirigera cette publication juridique créée en 1897 par Fernand Labori, le ténor du barreau qui a notamment assuré la défense de Lucie Dreyfus, d’Émile Zola, du colonel Picquart, puis d’Alfred Dreyfus (voir ici).

Sous la direction de Rouché, la revue est repensée et son orientation éditoriale est largement reportée sur la littérature et la culture. Des écrivains tels qu’André Gide, Gabriele D’Annunzio, Jules Renard et Paul Verhaeren y publient des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des essais et des critiques. Elle offre également des chroniques politiques, littéraires, musicales et artistiques, ces dernières sont, entre autres, signées par Frantz Jourdain, Gabriel Mourey et George Desvallières. Rouché, qui s’intéresse de près aux arts plastiques et compte de nombreux artistes parmi ses amis, parvient à s’assurer leur concours. George Desvallières, le vice-président de la Section peinture du Salon d’automne, qu’il connaît depuis 1905, devient ainsi le responsable artistique de la revue. Rouché lui écrit le 11 février 1907 : « Le projet dont je vous parlais s’est réalisé ; à partir du 1er avril, je prends la direction (complètement indépendante puisque la publication m’appartient) de La Grande Revue. Puisque vous voulez bien m’aider, auriez-vous l’obligeance de penser un peu aux collaborateurs que vous pourriez me donner ? » (archives privées, Catherine Ambroselli, « Jacques Rouché, mécène de George Desvallières », in : George Desvallières et le Salon d’Automne, Paris : Somogy, 2003, p. 135).

La livraison du 16 mars 1907 annonce les changements à venir, effectifs dès le numéro 7 du 10 avril 1907 : nouvelles dates de parution, désormais le 10 et le 25 du mois, accroissement du contenu et transfert des bureaux. Indépendance, éclectisme et modernité sont les maîtres mots de ce vaste programme. Mais la principale nouveauté est l’introduction d’illustrations, impliquant l’arrivée de nouveaux collaborateurs : Félix Vallotton, qui lui aussi connaît Desvallières depuis 1905 au moins, Maurice Denis, Charles Guérin, Maxime Dethomas et Desvallières lui-même. Les têtes de chapitres et culs-de-lampe dessinés par ces artistes n’illustrent pas les textes mais en marquent le début et la fin. Rythmant ainsi la mise en page, ils contribuent à rendre la lecture de La Grande Revue plus agréable.

Dans un supplément au numéro du 10 février 1908, une déclaration d’intention dévoile l’ambition du périodique : « La Grande Revue, fondée il y a onze ans, doit à une Direction nouvelle de s’être placée avec éclat depuis le mois d’avril 1907 en tête des grands périodiques. […] La Grande Revue est la plus moderne, par sa forme, ses illustrations originales, ses dessins hors texte dus aux premiers artistes de l’époque : Besnard, Carrière, Dethomas, Maurice Denis, Jeanniot, Raffaelli, Simon, Vallotton, etc. » (pp. 18-20).

Vallotton commence par livrer une série de neuf vignettes ornementales, à savoir quatre têtes de chapitres rectangulaires (voir [Enfant interpellé par quatre professeurs], [Enfant récitant un texte], [Deux hommes à la tribune], [Personnages de théâtre]), quatre culs-de-lampe carrés (voir [Homme lisant un livre], [Homme et femme lisant un livre], [Femme se poudrant le visage], [Main frappant un chapeau]) et un médaillon. Elles sont publiées pour la première fois entre le 10 avril et le 25 juillet 1907, puis régulièrement au moins jusqu’en 1922 (le dépouillement de la revue a été arrêté à cette date), mais probablement plus tard encore. Bien qu’elles ne soient pas monogrammées, il ne fait aucun doute qu’elles ont été dessinées par Vallotton, dont le nom figure d’ailleurs sur la deuxième de couverture des numéros concernés.

À ces illustrations de nature structurelle et ornementale s’ajouteront, du 10 décembre 1907 au 10 décembre 1908, une fois par mois, c’est-à-dire dans un numéro sur deux, treize dessins qualifiés de « croquis » dans le journal. Y sont représentés au total quinze hommes politiques, principalement des parlementaires de gauche, membres du groupe de la Gauche radicale ou du Parti socialiste.

La première tentative de Vallotton, qui ne s’est plus mesuré à ce type d’ouvrage depuis longtemps, est un échec. Dans une lettre non datée rédigée en 1907, il écrit à Jacques Rouché : « Je n’ai pu malgré mes essais nombreux mettre sur pied un Clemenceau qui soit possible. J’ai un peu perdu la main, car ce genre de travaux exige une continuité dont 3 ou 4 années de peinture m’ont distrait. Si donc vous pouviez me remplacer pour cette fois-ci ça me rendrait service. Je reprendrai volontiers l’essai un peu plus tard. » (Paris, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque-musée de l’Opéra).

Sans lien direct avec des articles, les treize dessins sont publiés hors-texte, sur un papier différent de celui utilisé pour le reste du journal. La légende ne figure tout d’abord pas sur la même page, mais sur une feuille de garde. Si la tête des hommes politiques portraiturés s’inspire souvent d’une photographie, les corps sont inventés, de même que le contexte. Certains éléments se répètent d’une image à l’autre. Par exemple, il représente six fois la tribune où discourent des orateurs, trois fois un verre d’eau et deux fois une carafe. Écrites fin 1907, deux lettres non datées de Vallotton à Jacques Rouché éclairent sa démarche : « Ci mon Briand. Je l’ai mis à la tribune, comme je compte le faire pour tous ces messieurs parlementaires à venir, me bornant à les différencier par l’attitude. Ce pourra être drôle à réunir plus tard. » Et, peu après : « […] il sera peut-être bon à la rentrée que j’aille à la Chambre une fois ou deux. – Quant à l’attitude à la Tribune, je voyais plutôt celle qu’ils devraient avoir que celle qu’ils ont réellement, maintenant peut-être les deux se combineront-elles. » (Paris, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque-musée de l’Opéra).

Les deux premiers dessins publiés, des portraits de Georges Clemenceau et de Jean Jaurès, se singularisent car ils ne sont pas circonscrits dans un rectangle. Le flottement qui en découle n’a pas échappé à George Desvallières, à en juger par ce qu’il écrit à Vallotton, sur papier à en-tête de La Grande Revue, le 18 janvier 1908 : « Mon cher ami / Pourriez-vous me donner un rendez-vous, j’aurais à causer avec vous de la Gde Revue et de vos dessins politiques. Rouché trouve qu’ils ne se présentent pas bien. J’aimerais causer de cela avec vous, pour arriver à un résultat qui satisfasse aussi bien le directeur que vous-même. Je trouve que ces dessins ne portent pas comme ils le devraient, ce n’est pas la qualité du dessin naturellement qui est en cause c’est sa présentation. » (Documents, vol. II, lettre 209, p. 131).

Les deux derniers dessins, (Monsieur Alfred Picard / Ministre de la Marine et La Prochaine Interview) se parent d’une touche d’humour absente dans les précédents. Vallotton y a préparé Jacques Rouché le 9 octobre 1908 : « Je pense aussi qu’on peut pousser un peu plus à la blague, et si vous le voulez je chercherai dans ce sens pour le no de novembre. » Puis : « Quelque chose sur Picard de la Marine vous conviendrait-il pour le numéro prochain ? – Ce serait assez d’actualité, et je tâcherai de donner à ce dessin un tour un peu comique. » (Paris, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque-musée de l’Opéra).

Grâce à George Desvallières, les peintres et les dessinateurs se transforment occasionnellement en journalistes pour La Grande Revue. Ainsi Vallotton, qui y publie en 1907 une critique du Salon d’automne (« Au Salon d’automne », La Grande Revue, 25 octobre 1907, pp. 916-924, voir Koella et Poletti, 2012, pp. 125-136).

Katia Poletti

Illustrations liées

Image de comparaison
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Livre de raison

Non cité

Livre de comptes

1908

«Dessins Gde Revue (4 mois) 300»

«Collaboration Gde Revue 600»

Honoraires
900 Francs

Bibliographie

Dominique Garban, «La Grande Revue», in: Jacques Rouché. L'homme qui sauva l'Opéra de Paris, Paris, Somogy, 2007, pp. 21-30.


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