No catalogue 005002
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
Cul-de-lampe [Les gardes suisses]
Cul-de-lampe [Les gardes suisses]
En relation avec le poème «Le Lion de Lucerne» d'Henri-Edouard Droz.
Dans ce petit bois gravé, Vallotton ne représente pas un champ de bataille, il n’illustre pas les faits comme saisis sur le vif, ce qui est généralement d’usage dans la peinture historique (voir à titre comparatif un dessin d’Henri-Paul Motte de 1892 intitulé Affrontement entre les Suisses et les insurgés, technique, dimensions et lieu de conservation inconnus, ou le tableau de Jean Duplessis-Bertaux, La Prise des Tuileries le 10 août 1792, 1793, huile sur toile, 124 x 192 cm, Versailles, musée national du Château de Versailles et de Trianon). Vallotton ne met en scène que deux figures : deux corps anonymes, entassés l’un sur l’autre, identifiables uniquement grâce à leur uniforme de garde suisse. Les violents affrontements avec les sans-culottes, le Palais des Tuileries à défendre, le sang qui coule – tout cela reste invisible, se déroule hors cadre. Une arme, un chapeau, deux cadavres suffisent à l’artiste pour illustrer cette tragédie humaine.
Comme il l’écrit à son frère Paul, l’espace à disposition pour mettre en scène cet évènement est si réduit qu’il ne peut pas faire grand-chose (lettre de Félix Vallotton à son frère Paul, datée du 5 juillet 1892, Lausanne, Fondation Félix Vallotton, voir ici). Le résultat ne lui convient pas tout à fait, mais semble satisfaire les éditeurs. Dans la presse, les réactions sont plus critiques : les deux guerriers qui ornent la quatrième de couverture de la brochure sont rarement mentionnés, ou alors volontairement passés sous silence, à l’instar du compte-rendu anonyme publié dans L'Express du mardi 9 août 1892 : « […] Le lion mourant, dont M. F. Vallotton a orné la couverture, est un bel et sobre spécimen de gravure sur bois. J’aime autant ne rien dire des deux guerriers qui sont au dos. » (p. 3).
Il reste à relever que Vallotton a monogrammé ce bois par ses initiales « FV », en bas à gauche, contrairement à Le Lion de Lucerne utilisé en couverture de la plaquette, non signé. Le monogramme apparait sans encadrement et se distingue ainsi des monogrammes insérés dans un cartouche, tels qu’ils apparaissent dans les gravures et les illustrations plus tardives.
Monogrammé en bas à gauche
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Félix Vallotton, Liste des gravures sur bois établie par ordre chronologique, 1891-1898, manuscrit, Lausanne, Fondation Félix Vallotton, sous 1892: «18 cul de lampe»
Godefroy, 1932, no 98
Vallotton et Goerg, 1972, no 103, p. 117