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L'une des huit lithographies – en l'occurrence celle de Maurice Denis – qui constituent le catalogue de l'exposition Un groupe de peintres
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
Sans titre [Un groupe de peintres]
Sans titre [Un groupe de peintres]
non spécifié [Chez Le Barc de Boutteville]
Ouverture de l'exposition
Ce commentaire reprend les propos publiés dans les ouvrages suivants :
Katia Poletti, « Le regard de Vallotton critique d’art sur ses contemporains », in : Koella et Poletti, 2012, pp. 207–208 et Katia Poletti, « ‹ Mes racines sont à Paris ›. La reconnaissance parisienne, 1892-1899 », in : Félix Vallotton. Le feu sous la glace, Isabelle Cahn, Marina Ducrey et Katia Poletti (éd.), cat. exp., Paris : Réunion des musées nationaux – Grand Palais / Musée d’Orsay, 2013, p. 38.
L’adhésion de Vallotton au groupe des nabis est attestée d’une part par l’inclusion de sa xylographie La Manifestation (Vallotton et Goerg, 1972, no 110) dans le premier album de L’Estampe originale d’André Marty (1857-1928), paru le 30 mars 1893, dont sept des dix planches sont l’œuvre de nabis ; d’autre part par sa présence aux côtés de ces derniers dans les salles 4 et 5 du Salon des Indépendants du 18 mars au 27 avril 1893.
En 1893, le « nabi étranger », surnom que lui ont attribué ses nouveaux camarades, expose à trois reprises avec eux chez Le Barc de Boutteville (1837-1897), galerie d’avant-garde qui a lancé leur carrière. Vallotton y présente systématiquement et uniquement des gravures sur bois, en l’occurrence : à la Quatrième exposition des peintres impressionnistes et symbolistes, en avril, puis dans Portraits du prochain siècle, en septembre, et enfin dans Un groupe de peintres, du 25 octobre au 5 novembre.
Tandis que les deux premières expositions rassemblent un grand nombre d’artistes, la dernière, Un groupe de peintres, n’en compte que neuf, à savoir les sept nabis inclus en 1891, aux côtés de néo-impressionnistes, dans la première édition de l’exposition des Peintres impressionnistes et symbolistes : Bonnard, Denis, Ibels, Ranson, Roussel, Sérusier et Vuillard, plus Marc Mouclier et Félix Vallotton. Sans doute parce que son rarissime catalogue, constitué de huit lithographies originales volantes, ne porte ni titre ni date – seule la feuille lithographiée par Maurice Denis est datée de 1893 (fig.) –, cette exposition a échappé aux historien·ne·s, qui l’ont systématiquement confondue avec la Cinquième exposition des peintres impressionnistes et symbolistes de décembre 1893, où figurait une soixantaine d’artistes, mais pas Vallotton.
Le titre et les dates de cette exposition ont été établis d’après le compte rendu de Thadée Natanson, « Un groupe de peintres », paru dans La Revue blanche en novembre 1893. Elle revêt la particularité d’avoir été la toute première exposition exclusivement dédiée aux nabis, présentant 47 œuvres au total. Thadée Natanson, qui connaît bien ces artistes, ne manque d’ailleurs pas de le relever : « À celle-ci, qui est des premières, sinon la première, nous pouvons considérer ensemble quelques peintres que nous avons appris à connaître déjà par ailleurs et dont on peut bien dire qu’ils forment un groupe entier. » (Thadée Natanson, « Un groupe de peintres », La Revue blanche, novembre 1893, p. 336).
L’originalité du catalogue, avec son absence de titre, ses feuillets non reliés et une numérotation des œuvres propre à chaque exposant, concorde avec l’affirmation du « tempérament individuel » de chacun des artistes soulignée par Thadée Natanson. Catherine Méneux se rallie à cette opinion en 2019 lorsqu’elle écrit que le catalogue « constitué de huit feuilles volantes illustrées en lithographie, est dépourvu de titre et de préface et [qu’] il matérialise l’union de neuf artistes individuels. » Elle précise en outre : « L’idée de ce catalogue vient de Ker-Xavier Roussel qui écrit à Maurice Denis : ‹ Que penseriez-vous d’un catalogue où chacun lithographierait sur une feuille volante illustrée les titres de ses peintures exposées tout à l’heure chez Boutteville, soit pour nous 7, 7 estampes que l’on pourrait vendre pour couvrir les frais ? › (lettre de K. X. Roussel à M. Denis, 16 octobre 1893, Saint-Germain-en-Laye, Musée départemental Maurice Denis, Ms 12392). » (Méneux, 2019, p. 476). On remarquera que Roussel écrit « nous 7 ». Sans doute entend-t-il les sept nabis qui participaient en 1891 à la première édition de l’exposition des Peintres impressionnistes et symbolistes (voir supra), sans Marc Mouclier ni Félix Vallotton. À moins que les pièces rapportées soient Vallotton et Bonnard dont les listes d’œuvres sont lithographiées sur la même feuille.
En post-scriptum, la lettre de Roussel contient une indication précieuse concernant le format de 25 x 16 cm choisi pour chacun des feuillets lithographiés : « Peut-être le format de la ‹ Revue blanche › serait-il préférable au point de vue du coupage des feuillets. C’est une grandeur cotée. »
non spécifié
Vélin chamois
Non cité
Non cité
The Nabis and the Parisian Avant-Garde, cat. exp., Patricia Eckert Boyer éd., New Brunswick & London : Rutgers University Press, 1988, pp. 185–188
Pierre Sanchez, Les Expositions de la Galerie Le Barc de Boutteville (1891-1899) et du Salon des Cent (1894-1903). Répertoire des artistes et liste de leurs œuvres, Dijon : L'Échelle de Jacob, 2012, pp. 70, 419
Katia Poletti, « Le regard de Vallotton critique d'art sur ses contemporains », in: Koella et Poletti, 2012, pp. 207–208
Poletti, 2013, p. 38
Méneux, 2019, pp. 475-478
Le catalogue est consultable sur le catalogue en ligne du Van Gogh Museum Amsterdam et sur celui de la bibliothèque numérique de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA).