En relation avec l'«Enquête sur La Commune. Première série de dépositions», La Revue blanche, tome XII, n^o 91, 15 mars 1897, pp. 249-305.

Vingt-six ans après la Commune de Paris, période insurrectionnelle de 72 jours qui oppose le gouvernement républicain issu de l’Assemblée nationale constituante aux insurgé·e·s parisien·ne·s, érigée en mythe fondateur des mouvements ouvriers et libertaires, La Revue Blanche soumet un questionnaire à 46 personnalités. Chacune doit répondre aux trois questions suivantes : « Quel a été votre rôle du 18 mars à la fin de mai 1871 ? », « Quelle est votre opinion sur le mouvement insurrectionnel de la Commune, et que pensez-vous, notamment, de son organisation : parlementaire ? militaire ? financière ? administrative ? » et « Quelle a pu être, à votre avis, l’influence de la Commune, alors et depuis, sur les événements et sur les idées ? ». On reconnaît dans les entretiens une sagacité que l’on sait être celle de Félix Fénéon (1861-1944), maître d’œuvre du projet demeuré pourtant anonyme (Bourrelier, 2007, p. 207).

L’enquête se déploie sur deux numéros consécutifs, le 15 mars et le 1^er avril 1897, dont elle occupe environ les deux tiers des pages avec une succession de dépositions parfois illustrées, parfois signées. Sur les deux séries, Vallotton représente au total treize personnalités en onze portraits, ce qui fait de lui l’illustrateur principal du projet aux côtés d’Édouard Manet, Walter Crane, Maximilien Luce et Georges Pilotell. Il réalise essentiellement les portraits de communards, à l’exception notamment de la première illustration qui nous occupe ici, à savoir le portrait groupé du colonel Merlin (1814-?), de Louis Adolphe Thiers (1797-1877) et du commandant Gustave Gaveau, les principaux protagonistes de la répression issus du gouvernement républicain. En mai 1897, l’enquête paraît en volume aux Éditions de La Revue blanche, accompagnée de mêmes illustrations de Vallotton, dont cet en-tête qui orne la couverture du livre, et de deux portraits supplémentaires.

Vallotton ouvre donc sa contribution pour La Revue blanche par le portrait du pouvoir sanglant qui entreprendra de mater la Commune : Thiers est au centre, lui qui avait été avocat, journaliste et historien avant de devenir le deuxième président de la République française du 31 août 1871 au 24 mai 1873 ; il est flanqué du colonel Merlin, qui avait présidé à Versailles le 3^e Conseil de Guerre en 1871, et de Gaveau, qui était commissaire du gouvernement après ce même Conseil. Vallotton ne manque pas de dramatiser plus qu’à l’accoutumée les têtes des trois hommes de guerre, comme décapités sur un aplat noir et dont les regards – oblitéré, dans le cas de Thiers, par une paire de binocles opaques – sont un condensé d’expressions machiavéliques. Il recourt pour ce dessin à des portraits photographiques par Ernest Charles Appert (1831-1890) du colonel Merlin et du commandant Gaveau, et sans doute au portrait de Thiers par Léon Bonnat (1876, Paris, Musée du Louvre) abondamment diffusé par la gravure.

Procédé inusité dans La Revue blanche, les noms des personnes représentées figurent en légende des dessins, en caractères typographiques majuscules. Ainsi la « Première série de dépositions » (numéro du 15 mars 1897) comprend, outre le trio inaugural, les portraits par Vallotton de Louis Rossel, Tranquille Huet et Jaroslaw Dombrowski avec la mention en couverture « Illustrations de Manet, Crane, Vallotton et Luce » ; et la « Seconde série de réponses » (numéro du 1^er avril 1897), ceux Théophile Ferré, Eugène Varlin, Fortuné Henry, Raoul Rigault, Georges Darboy, Auguste Vermorel, Joseph Vinoy, annoncés par la mention « Dix portraits par Félix Vallotton, Georges Pilotell et Maximilien Luce ».

«Illustrations / Félix Vallotton: Merlin, Thiers et Gaveau», dans la table du premier semestre de 1897

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Annonce de parution: «1871. Enquête sur la Commune de Paris, avec quinze portraits par Félix Vallotton», La Revue blanche, tome XII, n^o 96, 1^er juin 1897, quatrième de couverture.