En relation avec le texte de Léon Gandillot, « Petit Jeu », pp. 64-67.

L’auteur dramatique français Léon Gandillot (1862-1912) signe une saynète où cinq personnages – Louis A., Gaston B., Amédée C., Paul D. et Robert W. – se livrent à un petit jeu en fin de soirée chez l’un d’entre eux, consistant à causer « avec sincérité » (p. 66) d’un sujet à convenir. L’idée est d’esquiver ainsi les postures et les impostures, et d’échanger sans fard ni facétie. Or l’hôte et auteur de l’initiative, Robert W., se heurte à la dérision de ses collègues qui – et c’est là l’ironie de la scène – démontent son idée avec force sincérité et se montrent précisément sincères en quittant tout bonnement le dîner qu’ils avaient tenté plus tôt de laisser en inventant des excuses. « Quelle drôle de manie que ne jamais pouvoir quitter ses camarades […] », fait dire Gandillot à Robert W., « […] sans vouloir leur insinuer que la bonne fortune vous guette, ou que des importances énormes sont attachées à ce que vous fassiez telle ou telle chose dans le moment même, et pas à tout autre ! » (p. 65)

Vallotton livre alors un éventail de cinq têtes, accolées les unes aux autres et nimbées d’ombres portées, et confère au cul-de-lampe des allures d’affichette de vaudeville. Il offre une interprétation physionomique des cinq acolytes, laissant deviner les inflexions de caractère au sein de leur petite coterie.

L’illustration sera reprise dans Der Bunte Vogel von 1897 de Otto Julius Bierbaum (1896), où elle deviendra un portrait à charge des membres conservateurs du comité de surveillance de la revue Pan que Bierbaum raille alors.

Le cul-de-lampe pour « Petit Jeu » est exemplaire des dix-huit illustrations de type narratif que Vallotton livre à la Revue franco-américaine (à ce propos, voir ici).

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Otto Julius Bierbaum, Der Bunte Vogel von 1897. Ein Kalenderbuch, Berlin 1896, p. 216