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Périodiques

No catalogue 030000

Revue franco-américaine, juin 1895, première de couverture (illustrateur non identifié)

Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton (photographie : Etienne Malapert, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)

Droits : Réservés


Revue franco-américaine


Titre

Revue franco-américaine

Sous-titre
____
Supplément de
____

Type de périodique
Revue
Langue·s
Français
Lieu de publication
Paris

Périodicité
Mensuel
Date de début de parution
1895 (Juin)
Remarques
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Date de fin de parution
1895 (Août)
Remarques
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Dates de la collaboration de Félix Vallotton
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Commentaire

Dans une lettre non datée, mais envoyée le 24 mai 1895 de Paris, Félix Vallotton écrit à son frère, Paul, à Lausanne :

« Je viens d’accepter dans une Revue assez importante et qui paraît demain, une sorte de direction artistique […]. Cette revue s’appelle Revue Franco-Américaine, elle est très chère, et destinée au grand monde d’argent ; le premier numéro est bien inégal, mais par la suite cela s’arrangera ; elle est dirigée par le Prince Poniatowski avec qui je suis très bien, et qui m’a spontanément proposé de l’assister ; nous verrons ce qui en résultera. » (Documents, vol. I, pp. 127-128).

Pour la première fois directeur artistique d’une revue, Vallotton assume sa fonction avec un mélange de fierté et de scepticisme, acquis à l’ambition que se donne la Revue franco-américaine, mais conscient aussi des écueils liés à l’audace d’une telle publication.

L’idée d’une revue transatlantique vient au prince Poniatowski (1864-1954) durant l’été 1894 : marié à Hélène Elisabeth Sperry (1872-1943), riche héritière californienne, il souhaite introduire aux États-Unis « la littérature française contemporaine », dans un dialogue entre les élites placé sous le signe de l’éclectisme. L’intention de positionner la culture française sur l’échiquier géopolitique semble également l’animer, en bonapartiste qu’il est, puisqu’il confie dans ses mémoires :

« Tout ce qu’était l’Empire britannique et ce que commençait à être l’Empire allemand ne laissait que peu ou pas de place à la France de 1895 dans l’esprit de cette génération. Comme au cours de mon séjour [aux États-Unis en 1894], je m’en étais plaint à des amis disposant de quelque influence, ceux-ci avaient réussi à me persuader qu’une revue en langue française mais rédigée à leur intention ferait plus que quoi que ce soit pour modifier cet état de choses. Beaucoup d’Américains, disaient-ils qui hésitaient à s’attaquer à un long et pesant volume en langue française, liraient volontiers, une sorte de magazine auquel la politique, les nouvelles mondaines et une série de ‹ Short Stories › conféreraient un caractère d’actualité répondant à une tendance d’esprit tournée vers le présent ou l’avenir, mais pas encore vers le passé. Bref, je m’étais laissé convaincre et avais résolu de tenter la chose. » (André Poniatowski, D’un siècle à l’autre, Paris : Presses de la Cité, 1948, pp. 350-351).

Une revue faite de politique, de mondanité et de littérature – Vallotton donne forme à cette vision en concevant une maquette cohérente, dotée d’une typographie éclectique et d’illustrations évocatrices, toutes imprimées par procédé photomécanique en noir et blanc. Si les circonstances exactes de son introduction auprès du prince restent inconnues, ce dernier apprécie particulièrement son travail de peintre et de dessinateur : à sa demande, Vallotton exécute un portrait de Poniatowski en 1895 (huile sur bois, 27 x 21 cm, collection particulière, Ducrey, 2005, no 191), qui viendra enrichir « les tableaux et les dessins déjà de Renoir, de Degas, de Vallotton, de Cottet ou de Maufra » que le prince collectionne (André Poniatowski, D’un siècle à l’autre, Paris : Presses de la Cité, 1948, p. 348). L’univers esthétique de Vallotton semble donc avoir séduit le prince, et l’avoir convaincu au point de lui confier l’intégralité de la conception graphique de la Revue franco-américaine.

Cette responsabilité oblige Vallotton à être stratège de son temps et de son art, comme il le confie à son frère dans la lettre de mai 1895 :

« Je ne sais trop si j’ai bien fait, ça me vaudra un fixe susceptible d’augmentation, mais je ne sais encore ce que ça me prendra de temps, et moins que jamais je ne veux aliéner ma liberté, et renoncer à mes efforts personnels. Si je puis garder la moitié de mon temps libre, ce sera une affaire très agréable, qui me mettrait à l’aise sur mes lendemains et me permettrait de poursuivre mes recherches en peinture. […] Il y a longtemps que je n’en ai fait [des bois] je m’y remettrai d’ici peu ; je peins pour mon plaisir exclusivement, ce qui a toujours été mon rêve, et ne songe pas à faire voir à personne ce que je fabrique. » (Documents, vol. I, pp. 127-128). En réalité, sa pratique de critique d’art pour la Gazette de Lausanne en 1895 et sa participation à l’Exposition vaudoise des beaux-arts, à laquelle il renoncera en septembre de la même année, pâtiront de ses nouvelles fonctions (voir Koella et Poletti, 2012, p. 185, note 49).

Pour ce projet parallèle à sa production peinte et gravée, certes passager mais volumineux, et qui lui assure un salaire mensuel fixe de 300 francs, Vallotton conçoit au total 56 dessins dont seuls trois resteront inédits ([Georges Clemenceau], [Tristan Bernard] et Les Bons hôtels). Deux typologies distinctes se dégagent de leur analyse : une partie des dessins constitue la maquette de la revue, tandis que l’autre illustre les textes commandés aux plumes du moment. Vallotton revêt ainsi la fonction de graphiste – si l’on accepte l’anachronisme de ce terme – conjuguée à celle d’illustrateur.

Les 25 images parues qui relèvent de la mise en page, et que Vallotton désigne en toute vraisemblance par les mentions « Divers dessins ornementaux p la Revue Franco Américaine » (Livre de raison) et « divers dessins d’ornement p le Prince Poniatovski » (Livre de comptes) sont récurrentes au fil des trois numéros de la revue. Leur caractère ornemental se décline en quatre ensembles singuliers ordonnant la revue : les titres de rubriques (seize plus un inédit), les têtes de chapitres (six), les encadrements de brèves (deux) et le fleuron. Les images énoncent également, par la lettre dessinée ou le cadre illustré (parfois les deux), le contenu rédactionnel à venir ou viennent encore sceller, dans le cas du fleuron, l’identité graphique de la Revue franco-américaine, laquelle est fixée en grande partie dès le premier numéro et reprise dans les éditions de juillet et d’août, à quelques exceptions près (Éditorial, Échos, Les Bons Hôtels) ; à l’inverse, certaines rubriques ne paraîtront que dans le numéro d’août (Bulletin financier, Petites Annonces). Notons par ailleurs que la plupart des titres de rubrique figuratifs et des illustrations d’articles ne sont pas monogrammés. On peut en déduire que Vallotton accorde ainsi une valeur propre à la lettre dessinée, l’estimant autonome et suffisamment porteuse d’une « signature » ou d’une « patte » reconnaissable. Il poussera cette réflexion sur la lettre dessinée jusqu’à imaginer un monogramme « RFA » pour la revue, qui ne sera finalement pas retenu. La revue représentera in fine un terrain d’essai formidable pour Vallotton, qui y exploitera tous les ressorts possibles de la lettre dessinée comme nulle part ailleurs. L’éditeur Edmond Sagot le complimentera d’ailleurs au verso d’une liste de gravures que l’artiste lui doit : « Permettez-moi de vous faire tous mes compliments pour vos encadrements de page de la Revue Franco-américaine que j’ai trouvés très [réussis ?] » (Mémorandum daté du 17 janvier 1895 au dos duquel figure une liste datée du 20 juin 1895 ; Paris, Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Fonds Sagot-Legarrec, archives 86, carton 81). Les dessins définitifs de la maquette, effectués à l’encre de Chine, sont aujourd’hui tous conservés à la Fondation Félix Vallotton à Lausanne.

Une exception notable à cet ensemble est la couverture de la revue, dont le mandat semble échapper entièrement à Vallotton. La couverture de juin, reproduite ici, est confiée explicitement à Eugène Grasset (1845-1917) et représente un bouquet d’hortensias bleus et roses ; gaufrée sur papier chamois, elle ceint la revue en continu, de la première à la quatrième de couverture. Une lettre dessinée, d’aspect classique, compose le titre de la revue, tandis que sur le pourtour de la page, les données techniques de la publication sont indiquées dans des caractères d’imprimerie mécanique, pour certains gothiques.

Les couvertures des numéros de juillet et d’août, en revanche, ne citent pas leur auteur. Si leur style se départit de la proposition de Grasset, aussi bien du point de vue du cadrage que de la lettre dessinée, l’hypothèse de la main de Vallotton est à exclure. Esthétiquement, la gamme chromatique chatoyante dans laquelle s’épanouissent différentes espèces florales n’est pas celle de Vallotton à cette époque, puisque l’artiste privilégie alors le noir et blanc ainsi que les formes cernées de noir. Enfin, partant du principe que l’image et la typographie devaient composer un ensemble cohérent et provenir du même auteur, il est raisonnable d’affirmer que la lettre dessinée n’est pas de Vallotton non plus, en dépit de son galbe caractéristique qui pourrait inviter à le rapprocher de certains titres intérieurs du périodique (par exemple Sommaire et Dans le monde). Soulignons par conséquent qu’une particularité de la Revue franco-américaine aura consisté à distinguer maquette de couverture et maquette de contenu, et en toute vraisemblance, à confier l’enveloppe extérieure à des artistes différents de numéro en numéro. Le projet, non retenu, de couverture par George Auriol (1863-1938) (fig. C) – concurrent, tout comme Grasset, de Vallotton – tend à confirmer cette hypothèse.

Au contraire des dessins destinés à la mise en page, les 27 images qui relèvent de l’illustration de texte ne sont pas récurrentes au sein de la même publication, quoique reprises dans des ouvrages ultérieurs, parus notamment en Allemagne. Ces illustrations entretiennent des rapports divers avec l’écrit, selon qu’elles établissent avec lui un lien thématique ou narratif. Dans le premier cas, l’image illustre le thème général de l’article – ainsi des envois pour Maurice Barrès (« Le boulangisme n’a pas été vaincu »), Eugène Boeglin (« La Papauté et l’Église d’Angleterre »), Gustave Geffroy (« L’Art français en Amérique »), Marcel L’Heureux (« Sur la mort du naturalisme »), Camille Mauclair (« Le Théâtre »), Georges Rodenbach (« Notes sur Stéphane Mallarmé »), Léon Tolstoï (« Science et religion ») et un∙e auteur∙trice anonyme (« La Mode »). Dans le second cas, en revanche, l’image rehausse un épisode spécifique du récit – ainsi en particulier des douze dessins livrés pour le feuilleton de Paul Adam, « L’Essai de vivre », paru dans les numéros de juillet et d’août 1895, ainsi que pour les nouvelles de Jean Ajalbert (« La Femme aux rats et la critique »), Alphonse Allais (« La Dot »), Romain Coolus (« Taloche »), Léon Gandillot (« Petit Jeu »), Émile Goudeau (« Corbeaux ») et Jules Renard (« Le Chemin de fer »). Enfin, dans de rares cas, Vallotton tire le portrait de l’auteur du texte – ainsi des portraits-masques de Tristan Bernard, Georges Clemenceau et Alphonse Daudet, ce dernier étant le seul des trois à paraître. Notons ici que les mentions « Clémenceau. Dumas. Mallarmé et T. Bernard. Dessins » (Livre de raison) et « 4 dessins Clemenceau Dumas Mallarmé Bernard. p le Prince Poniatovski » (Livre de comptes) portent sans doute le signe d’une inadvertance de Vallotton, qui aurait confondu Daudet et Dumas, ce dernier n’ayant nullement publié dans la revue. Toutes les images dites illustratives sont uniques, placées en cul-de-lampe, à l’exception notable de la douzaine produite pour l’essai d’Allais, que Vallotton met en page de manière spécifiquement narrative, au gré des paragraphes et du récit. C’est en cela que la fonction graphique de ce type d’illustration ne s’avère jamais entièrement évacuée, car la disposition sur la page adhère pleinement au déroulement de l’action narrative. En l’absence de correspondance entre ces auteurs et Vallotton, il est impossible de qualifier plus précisément le processus illustratif étudié ici.

Relevons enfin deux autres partis pris de la revue : d’une part, les textes d’auteur sont introduits par un portrait photographié au domicile de ce dernier, en pied, invitant ainsi le lecteur ou la lectrice dans l’intimité domestique d’une personnalité (fig. D), tout en y conjuguant, en conclusion, un dessin de la main de Vallotton. D’autre part, la revue assigne à l’un des illustrateurs attitrés – en l’occurrence Vallotton – le dessin des publicités ; ainsi de l’Eau de la vieille qui paraît dans les numéros de juin et de juillet 1895.

Il est à préciser que Vallotton n’est toutefois pas l’illustrateur exclusif de la revue. Nommé dans le sommaire des trois numéros au paragraphe « Illustrations » – en juin sous le nom erroné de « H. Valloton », puis en juillet et août avec la précision « Dessins dans le texte : F. Vallotton », fonction qu’il occupe alors seul –, il partage l’écurie de dessinateurs invités avec Caran d’Ache, Puvis de Chavannes, Jean-Louis Forain, Antonio de La Gandara [Antoine Henri Pierre de La Gandara], Joseph Granié, Paul-César Helleu, Puvis de Chavannes, Félix Régamey ou encore Henri de Toulouse-Lautrec, qui contribuent quant à eux par des dessins hors-texte. L’avant-propos du numéro inaugural place d’ailleurs le dessin en exergue : « 500 (cinq cents) illustrations et œuvres originales composées exclusivement pour la Revue par nos plus grands artistes, et environ trois cents signatures, mondaines, politiques ou scientifiques formeront son recueil annuel. »

Parmi les « signatures » de la revue, citons notamment Stéphane Mallarmé (1842-1898), dont Poniatowski s’assure la confiance avec tact et persévérance après une première collaboration infructueuse en 1893, en marge de la North American Review. Poniatowski avait alors suggéré au directeur de la revue, Lloyd Bryce (1851-1917), de nommer Mallarmé à la tête de la rubrique littéraire, une initiative restée sans lendemain. N’y prenant pas ombrage, Mallarmé est présent dès les débuts de la Revue franco-américaine, contribuant au numéro liminaire par un essai prescripteur à propos de la danseuse, chorégraphe et réalisatrice américaine Loïe Fuller (1869-1928). Intitulé « Études de danse », repris après une première parution dans la revue britannique The National Observer (13 mai 1893), le texte se distingue par sa sagacité poétique et consacre la réception dithyrambique de Fuller dans les cercles artistiques, chorégraphiques et littéraires du Paris fin de siècle. À la signature incontournable de Mallarmé s’ajoute naturellement le portrait, que Vallotton réalise sous forme d’un masque exécuté d’après modèle pour le numéro de juillet (voir le texte de Georges Rodenbach, « Notes sur Stéphane Mallarmé »).

Or, passé la promesse citée dans le premier avant-propos de la revue, la réalité se montre plus modeste : la Revue franco-américaine disparaît subitement après le numéro d’août, avant d’être absorbée temporairement, d’octobre à fin novembre 1895, par La Revue blanche. Le communiqué de cette dernière annonce, en deuxième de couverture de l’édition du 1er octobre 1895 :

« À lire : nous sommes heureux de dire à nos lecteurs qu’une publication amie, la Revue franco-américaine du prince Poniatowski, où s’attesta un beau souci d’art et d’indépendance, vient apporter à La revue blanche son concours précieux. Ainsi, en son essence, la Revue franco-américaine n’aura-t-elle pas disparu : – ses rédacteurs et ses lecteurs veulent bien devenir nôtres. »

La Revue blanche est alors renommée La Revue blanche et Revue franco-américaine jusqu’au no 58, qui paraît le 1er novembre 1895. Reste un hiatus en septembre, où aucune mention de la Revue franco-américaine ne figure dans la presse française.

La fin soudaine de la Revue franco-américaine interrompt non seulement une fonction, mais aussi une source de revenu importante pour Vallotton, lequel se voit obligé de réclamer son dû dans deux lettres, en décembre 1895 et janvier 1896. La première missive renseigne sur le portrait de Poniatowski, qu’a peint Vallotton peu avant le départ du prince pour les États-Unis, et sur l’achat d’une « peinture et [de] gravures » que le prince a effectué en mars de la même année (Paris, Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Archives, Manuscrits et autographes, Documents et lettres autographes d’artistes, Autographes, Carton 28 : « Peintres Val-Vie », IS 4324/II/1. Voir Documents, vol. I, pp. 135-136). La seconde est un rappel formulé par Vallotton au secrétaire de Poniatowski, lequel portera ses fruits en février 1896 – Vallotton accuse alors réception du versement dans une lettre empreinte de gratitude déférente :

« [J’]ai regretté […] que cette somme me parvînt par l’entremise d’un tiers, car jamais le sachant je ne me serais permis d’insister comme je l’ai fait […]. », écrit-il, « J’ai cru la chose entre nous tout simplement, et vous ai réclamé cet argent parce que j’en avais besoin. / Il eût suffi d’un mot de vous pour que j’attende votre moment. – Les rapports que nous avons eus ensemble me sont un trop bon souvenir pour que je consente à les gâter pour une affaire semblable, et je vous renouvelle mes regrets d’avoir pu vous laisser croire un instant que je me posais en créancier […]. » (Paris, Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Archives, Manuscrits et autographes, Documents et lettres autographes d’artistes, Autographes, Carton 28 : « Peintres Val-Vie », IS 4324/II/3. Voir Documents, vol. I, pp. 135-136).

Quelques décennies plus tard, le prince André Poniatowski relatera dans ses mémoires :

« En attendant, la Revue ne marchait pas ! Le troisième mois de son existence, nous avions dû nous rendre à cette évidence et constater, non sans amertume, qu’elle ne répondait pour l’instant à aucun besoin. Sur un millier d’abonnements péniblement obtenus, nous comptions moins de cent cinquante abonnés américains ! » (André Poniatowski, D’un siècle à l’autre, Paris : Presses de la Cité, 1948, p. 356).

Une lettre de Félix Fénéon à Alexandre Natanson, datée du 17 décembre 1895, indique un lectorat plus maigre encore : « Poniatowski avait – et j’en ai la liste – 157 abonnés […] / 73 lui ont payé leur abonnement de 50 f […] / Voici, en dernière analyse, ce qu’il propose : il enverrait aux 157 abonnés de la revue franco-américaine une circulaire accréditant auprès d’eux la Revue Blanche, leur annonçant que l’autre se fond en celle-ci, et que celle-ci ils la recevraient pendant 1 an en édition de luxe. […] À son arrivée en Amérique (décembre), il sera interviewé par des journaux à gros tirage sur les circonstances de la disparition de la revue franco-américaine : il leur dira alors qu’il y a simplement fusion avec la Revue Blanche et que cette revue est bien meilleure encore. » (Bourrelier, 2007, note 23, p. 525).

Toujours selon ses mémoires, Poniatowski se résout donc à cesser la publication « bien à contre-cœur » et offre soit le remboursement des mensualités à paraître, soit un abonnement gratuit à La Revue blanche, « que les Natanson [viennent] de lancer dans des conditions toutes différentes, mais avec une pléiade de jeunes écrivains parmi lesquels nombre de nos collaborateurs. » Selon ses propres dires « très mortifié de cet insuccès », il dit avoir décidé de « la fin prématurée de la Revue » le jour même de la naissance de son premier fils : « de l’un et l’autre événement mes collaborateurs les plus intimes furent simultanément avisés. » Il évoque alors la réponse de Mallarmé qui, une fois les félicitations transmises à la princesse Poniatowski, note : « La Revue, vous m’attristez, elle fut, à des riens près, parfaite ; au fond, elle a eu lieu, résuma votre rêve et celui de plusieurs, à quoi bon la prolonger, en effet, pour des indifférents ? » (André Poniatowski, D’un siècle à l’autre, Paris, Presses de la Cité, 1948, p. 357).

Sarah Burkhalter

Illustrations liées

Images de comparaison

A. Revue franco-américaine, juillet 1895, première de couverture (illustrateur non identifié)

Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton (photographie : Etienne Malapert, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)

Droits : Réservés

B. Revue franco-américaine, août 1895, première de couverture (illustrateur non identifié)

Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)

Droits : Réservés

C. George Auriol, projet de couverture pour Revue franco-américaine, 1895, imprimé photomécanique, 27,5 x 19,5 cm, Paris, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie

Crédit photographique : Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Droits : Ouverts

D. Revue franco-américaine, juin 1895, page 62 illustrée d’une photographie anonyme de Stéphane Mallarmé

Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton (photographie : Etienne Malapert, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)

Droits : Réservés


Livre de raison

1895LRZ252

LRZ 252 : « Clémenceau. Dumas. Mallarmé et T. Bernard. Dessins »

LRZ 256 : « Divers dessins ornementaux p la Revue Franco Américaine »


Livre de comptes

1895

« 4 dessins Clemenceau Dumas Mallarmé Bernard. p le Prince Poniatovski »

« divers dessins d'ornement p le Prince Poniatovski, a compte 200 »

« dessins Poniatovski, solde 300 »

« Rev. Franco-Américaine, à compte 200 »

« Revue Franco-Américaine, solde de Juillet 300 »

« Revue Franco-Américaine 300 »

Puis en 1896

« Solde de compte Poniatovski 300 »

Honoraires
1600 Francs

Bibliographie

R[?], « Lausanne. À la Grenette », Gazette de Lausanne, 25 septembre 1895

Octave Uzanne, L'art dans la décoration extérieure des livres en France et à l'étranger : les couvertures illustrées, les cartonnages d'éditeurs, la reliure d'art, Paris : la Société française d'édition d'art, 1898, pp. 81-83

André Poniatowski, D'un siècle à l'autre, Paris : Presses de la Cité, 1948, pp. 350-357, 363

Georges Bernier, La Revue blanche, ses amis, ses artistes, Paris : Éditions Hazan, 1991, pp. 284-285

Ducrey, 2005, vol. II, pp. 104-105

Bourrelier, 2007, pp. 516-517

Gilles Picq, Revue franco-américaine (http://tybalt.pagesperso-orange.fr/LesRevues/pagesRevues/RevueFranco-Americaine.htm consulté le 6 février 2020)

Schuh Julien, « Le “vrai décor du siècle américanisé” : les États-Unis des Symbolistes », in : Fabien Dubossson et Philippe Geinoz (dir.) L’Amérique au tournant - La place des États-Unis dans la littérature française (1890-1920), Paris: Classiques Garnier, 2020, pp. 39-55


Liens
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