Autonome

Le 26 septembre 1898, Henri Brisson (1835-1912), alors président du Conseil des ministres (voir ici), obtient la révision du procès de Dreyfus de 1894. Le 29 octobre, la chambre criminelle de la Cour de cassation, présidée par Louis Loew (voir ici), sur rapport du conseiller Alphonse Bard (voir ici) et réquisitoire du procureur général Jean-Pierre Manau (voir ici), prononce un arrêt déclarant recevable la demande de révision et ordonne une enquête. Cet événement marque un tournant : l’affaire échappe alors au parlement et à la justice militaire pour passer entre les mains de la Cour de cassation, organe de justice civile.

Le 14 novembre, la Cour de cassation exige que Dreyfus soit informé « par voie rapide » de l’arrêt qu’elle a rendu. Le 15 novembre, Dreyfus, emprisonné sur l’île du Diable en Guyane, apprend par câblogramme que la demande de révision a été déclarée recevable.

À en juger par ses traits et sa tenue vestimentaire, il est permis de voir ici dans l’homme qui frappe à une porte le procureur général Jean-Pierre Manau (1822-1908). En octobre 1898, le réquisitoire introductif de ce magistrat, courageux, intègre et intransigeant, requiert la suspension de la peine de Dreyfus. À son habitude, Vallotton procède par allusion, usant, au figuré, de la locution verbale « frapper à la porte » dans le contexte de la révision du procès qui s’annonce. Quant au titre qu’il attribue entre parenthèses à son dessin, il tourne en dérision la célèbre déclaration du président du Conseil des ministres, Jules Méline (voir ici), faite à la Chambre des députés le 4 décembre 1897 : « Il n’y a pas d’affaire Dreyfus. »

Dessin de Félix Vallotton

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St-James, 1979, n^o 56

Morel, 2002, p. 29