Autonome

Paul Déroulède (1846-1914) est un poète, romancier et homme politique français. En mai 1898, il est élu député de la Charente, dont Angoulême est la préfecture. À l’occasion de cette élection, il figure en couverture du Cri de Paris du 1^er mai 1898 par un masque dessiné par Vallotton.

Le titre Le Puceau d’Angoulème fait allusion à Jeanne d’Arc, la Pucelle d’Orléans, que Déroulède « […] invoque à tout bout de champ avec une ferveur toute patriotique » (St-James, 1979, n^o 73).

Ce dessin se rapporte au procès devant la Haute Cour, qui se déroule du 18 septembre 1899 au 4 janvier 1900, auquel Déroulède comparaît pour complot avec d’autres accusés nationalistes suite à une tentative de coup d’État.

Fleurs dans la main droite, Paul Déroulède se présente dans une attitude extatique, difficile à interpréter. En admettant qu’il chante et que les fleurs soient des lys, emblème catholique et nationaliste, Vallotton le rapprocherait ironiquement du barde Théodore Botrel, membre de la Ligue patriotique de Paul Déroulède et auteur en 1899 des Chansons de la Fleur-de-Lys. Botrel a en outre écrit un « […] hymne nationaliste construit sur un calembour en l’honneur de Déroulède […] » (Madeleine Rebérioux citée dans Jean-François Botrel, « Théodore Botrel, chansonnier politique », in : Daniel Leloup et Marie-Noëlle Masson [éd.], Musique en Bretagne : Images et pratiques. Hommage à Marie-Claire Mussat, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2003, pp. 149-159).

Le dessin définitif pour cette couverture n’a pas été repéré. Subsiste en revanche un dessin préparatoire, non monogrammé (puisque non définitif), sur lequel le manteau de Déroulède est noir (fig. A).

Après sa condamnation, alors qu’il se trouve en exil à Saint-Sébastien, Paul Déroulède aura l’honneur d’un nouveau dessin de Vallotton en couverture du Cri de Paris du 11 février 1900.

PHG. V. Michel

Dessin de F. Vallotton

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St-James, 1979, n^o 73

Morel, 2002, p. 24