Autonome

Paul Déroulède (1846-1914) est un poète, romancier et homme politique français. En mai 1898, il est élu député de la Charente (voir le masque que Vallotton lui consacre en couverture du Cri de Paris du 1^er mai 1898)

Suite à une tentative de coup d’État, Déroulède, membre de la Ligue de la patrie française constituée en janvier 1899, comparaît devant la Haute Cour, parmi d’autres accusés nationalistes, dans un procès pour complot du 18 septembre 1899 au 4 janvier 1900. À cette occasion, Vallotton le représente en couverture du Cri de Paris du 15 octobre 1899.

Pour la lecture de ce dessin, nous renvoyons à l’analyse d’Ashley St-James dans son ouvrage Vallotton dessinateur de presse : « Pour atteinte à la sûreté de l’État, la Haute Cour de justice a condamné Déroulède à dix ans de bannissement (1899) ; il est exilé à Saint-Sébastien. C’est là que lui parviennent, amère déception, les résultats des élections à la Ligue de la patrie française. » (St-James, 1979, n^o 81).

Il s’agit des élections sénatoriales de janvier 1900. Dans ce dessin, on voit Déroulède transpercé de flèches qui ne sont autres que les noms de candidats, tous membres comme lui de la Ligue de la patrie française : le général Mercier (avec la mention « élu » faisant référence à son élection comme sénateur de Loire-Inférieure), François Coppée (avec l’indication « 68 voix ») et Jules Lemaître (avec « 70 voix »).

En combinant le titre – Le Martyr de Saint-Sébastien – et l’image de Déroulède transpercé de flèches, Vallotton joue doublement sur les mots : le nom de la ville espagnole où Déroulède est exilé se confond avec celui du saint martyr, et le supplice de ce dernier avec celui de Déroulède exilé et non réelu.

Dessin de Félix Vallotton

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St-James, 1979, n^o 81

Morel, 2002, p. 24