No catalogue 115003
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
Sans titre [Un Cœur simple 3]
Sans titre [Un Cœur simple 3]
En relation avec le texte de Gustave Flaubert, Un Cœur simple, chapitre V, pp. 37-38.
Le troisième et dernier dessin effectué pour Un Cœur simple illustre la fin du conte, soit le décès de Félicité : « Les mouvements de son cœur se ralentirent un à un, plus vagues chaque fois, plus doux, comme une fontaine s’épuise, comme un écho disparaît ; et, quand elle exhala son dernier souffle, elle crut voir, dans les cieux entr’ouverts, un perroquet gigantesque, planant au-dessus de sa tête » (p. 38).
Ledit perroquet avait été offert à Mme Aubain, la maîtresse de Félicité, en signe d’amitié de la part de Mme de Larsonnière, épouse du sous-préfet de Pont-l’Évêque ; nommé à une autre préfecture, celui-ci emmenait sa famille dans son déménagement, à l’exception de l’oiseau. « Il occupait depuis longtemps l’imagination de Félicité, car il venait d’Amérique » écrit Flaubert, qui poursuit : « Il s’appelait Loulou. Son corps était vert, le bout de ses ailes rose, son front bleu et sa gorge dorée. Mais il avait la fatigante manie de mordre son bâton, s’arrachait les plumes, éparpillait ses ordures, répandait l’eau de sa baignoire ; Mme Aubain, qu’il ennuyait, le donna pour toujours à Félicité. Elle entreprit de l’instruire [...] » (pp. 25-27). Ainsi Loulou devient-il un pilier dans la vie de la femme de chambre, qui manque un jour de le perdre, ce dont elle ne se remettra jamais. « Loulou, dans son isolement, était presque un fils, un amoureux » (p. 29). Lorsqu’elle le trouve mort un matin d’hiver, on lui recommande de le faire empailler, ce qu’elle accepte : au bout de six mois, «il arriva – et splendide, droit sur une branche d’arbre, qui se vissait dans un socle d’acajou, une patte en l’air, la tête oblique, et mordant une noix, que l’empailleur par amour du grandiose avait dorée » (p. 31). Et l’antre de la chambre de Félicité de se faire chapelle, où passant à trépas, la servante imagine rejoindre son oiseau chéri.
À l’instar des deux précédents dessins pour Un Cœur simple (voir le premier et le deuxième), Vallotton modèle les ombres par le pointillé, campant l’apparition aviaire dans un halo de touches dispersées.
Monogrammé en bas à droite
Non cité
Non cité