No catalogue 116001
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
En relation avec le thème du livre
L’illustration de Vallotton est l’une des trente images in-texte qui parsèment L’Âme du cirque, toutes imprimées sur le même papier que le livre lui-même. Elle reprend une mise en page introduite en 1893 dans le catalogue Un groupe de peintres chez Le Barc de Boutteville, caractérisée par un encadrement dépourvu de bordure inférieure et qui s’interrompt latéralement en cours de page. Vallotton est revenu à ce type de disposition en 1917 pour la couverture d’un programme de théâtre.
Son image d’un funambule qui pousse une brouette chargée de trois fillettes orne le chapitre dix de L’Âme du cirque, « Le travail des enfants », sans apparemment présenter de lien direct avec un passage spécifique du texte. Ce chapitre et le précédent intitulé « La loge des clowns » décrivent en effet une rencontre de Louise Hervieu avec les trois frères Fratellini, Paolo, Alberto et Francesco, plus connus sous leurs noms français Paul, Albert et François. Pensionnaire de 1915 à 1924 du cirque Medrano, à Paris, le fameux trio de clowns y faisait fureur, d’où sa place entièrement méritée dans le livre.
Parmi les illustrations in-texte, celle de Vallotton est la seule, avec Le Lion de Macoudia M’Baye, dotée d’un titre mentionné dans la « Table des illustrations », en l’occurrence Le Père. Aussi peut-on supposer que sous les traits du funambule, le père du légendaire trio, Gustavo Fratellini (1842-1902), est représenté. Il fut lui-même acrobate et trapéziste avant de devenir clown : « Notre père était acrobate, me dit Paul Fratellini, il était aussi italien » écrit Louise Hervieu (p. 25).
L’exemplaire numéro un du livre enrichi de l’ensemble des originaux, dont le dessin de Vallotton, est décrit comme suit dans la justification du tirage : « 1 exemplaire sur Japon avec suite complète de tous les originaux, portant le no 1 et vendu au profit de l’Orphelinat des Arts ».
Le 28 novembre 1924, Louise Hervieu invite Vallotton à l’exposition des originaux : « Mon Bon Maître, / Le mercredi 3 décembre à […] heures au Portique 99 Bd Raspail où sont exposés les originaux, les illustrations de L’Âme du cirque se réunissent comme une famille. / Et l’on serait si touché et honoré de vous avoir Mon Bon Grand Vallotton, je vous prie beaucoup d’être des nôtres, j’ai tant d’admiration et de reconnaissance à vous déclarer. Vous avez été si charitable envers votre petite vieille en accordant votre admirable dessin à mon chétif petit texte. […] Vous allez aussi recevoir votre exemplaire, vous le verrez, je crois qu’il est beau […]. » (Lausanne, Fondation Félix Vallotton).
Un mois plus tard, le 23 décembre 1924, Vallotton écrit à son amie : « Ma bonne Hervieu, / Je ne comprends, hors la tendresse qui se s’en dégage, rien à votre lettre. On m’a rapporté en effet que grâce aux Fratellini, votre manifestation n’avait pas eu l’éclat que vous attendiez. Cela ne m’a qu’à moitié surpris, ces gens-là ne doivent être vus qu’à distance et à travers le mirage de la poussière du cirque et du crottin. Quant à vos enfants, je ne pense pas qu’ils aient rien perdu dans cette affaire, le prix atteint par l’exemplaire me semblant magnifique et certainement très au-dessus de la valeur des dessins. » (Lausanne, Fondation Félix Vallotton).
Ces propos énigmatiques s’éclairent à la lecture de l’annonce et du compte-rendu publiés à quinze jours d’intervalle en décembre 1924 dans Le Bulletin de la vie artistique : « Salle Gaveau, le 10, à quinze heures, c’est – heureuse innovation – par les soins des clowns Fratellini, et au profit de l’orphelinat des Arts, que sera livré aux enchères, sur mise à prix de 6’000 francs, l’exemplaire no 1 (japon) d’un livre de Louise Hervieu, L’Âme du cirque, édité par la Librairie de France. François Fratellini sera le commissaire-priseur ; ses frères Paul et Albert, le premier assesseur et l’aboyeur. À l’issue de la vacation, lecture d’un compliment de Mme Colette. L’exemplaire qui motive ce cérémonial comporte la suite complète des originaux ayant servi à l’illustration : aquarelles, gouaches ou dessins […] plus un crayon et une gouache de Flandrin et de Galtier-Boissière non utilisés dans l’ouvrage. Exposition des originaux, du 1er au 9, au ‹ Portique ›, 99, boulevard Raspail. » (Le Bulletin de la vie artistique, 1er décembre 1924, p. 536). Et dans le compte-rendu, on lit : « Au bénéfice de l’orphelinat des Arts, l’exemplaire de L’Âme du cirque de Louise Hervieu décrit dans notre numéro du 1er décembre a été, le 10, adjugé 11’000 francs à M. Pierre Abreu par le clown François Fratellini mué en commissaire-priseur. » (Le Bulletin de la vie artistique, 15 décembre 1924, p. 560).
Il existe des tirés à part sur simili Japon, rehaussés à l’aquarelle, de l’illustration de Vallotton.
Le titre est mentionné dans la «Table des illustrations»
Non cité
Non cité