No catalogue 002003
Ce dessin (fig. A) est commandé par la Revue illustrée à la fin du mois de septembre 1888 : « Baschet m’a commandé aussi un portrait pour la Revue […] » écrit Félix Vallotton à ses parents le 29 septembre 1888 (Documents, vol. I, lettre 13, p. 46). Il s’agit probablement du présent portrait de Catulle Mendès (1841-1909) ou de celui d’Édouard Lalo, deux personnalités avec lesquelles subsiste un échange de correspondance relatif à l’organisation d’une séance de pose.
Dans sa réponse à Félix Vallotton du 4 octobre 1888, Catulle Mendès lui propose un rendez-vous « dimanche prochain dix heures du matin » (Documents, vol. I, lettre 14, p. 47). Le dessin a donc probablement été réalisé le dimanche 7 octobre 1888, au domicile de Mendès sis au 18 rue Berlioz à Paris.
Les péripéties liées à la publication du portrait de Verlaine permettent de deviner les raisons de la non-publication des portraits de Mendès et de Lalo dans la Revue illustrée.
Le portrait de Catulle Mendès devait certainement prendre place sous la rubrique « Portraits et types contemporains » du périodique. Ladite rubrique est absente du tome premier (premier semestre 1886), qui contient toutefois une série de « Portraits contemporains » dessinés par Paul Renouard (1845-1924). La rubrique fait son apparition au deuxième tome (deuxième semestre 1886), sous le titre « Portraits contemporains » puis, dès le premier semestre de l’année 1887, « Portraits et types contemporains ». Il s’agit tout d’abord de portraits gravés en pleine page. À l’image de Catulle Mendès dans le dessin de Vallotton, le modèle est le plus souvent représenté en pied, dans un contexte privé (chez lui, entouré d’objets familiers, d’attributs, d’œuvres d’art ou d’un animal de compagnie). Dès le deuxième semestre de l’année 1887 (quatrième tome), un texte accompagne le portrait. Auparavant, les portraits paraissaient seuls, à l’exception d’Émile Zola (troisième tome, premier semestre 1887) dont le portrait était accompagné d’un texte intitulé « Zola intime ». Cette formule reste en vigueur jusqu’au premier semestre 1890 (neuvième tome), avant de se voir modifier à partir du deuxième semestre de l’année 1890 (dixième tome) : le texte y est autonome, accompagné d’une illustration qui n’est plus un portrait, mais un attribut seul, ou simplement d’une lettre ornée.
Un hommage indirect à Rodin (1840-1917) peut être décelé dans le portrait de Catulle Mendès. Vallotton le représente en effet à côté du plâtre du Minotaure, que l’écrivain a reçu du sculpteur (Rodin a donné et dédicacé plusieurs plâtres du Minotaure, notamment à Octave Mirbeau et à Stéphane Mallarmé). Cette sculpture, qui porte l’inscription « Au maître Catulle Mendès », est aujourd’hui conservée à Buenos Aires, au Museo Nacional de Bellas Artes.
Relevons qu’un portrait de Catulle Mendès par Lucien Métivet (1863-1932) paraît en couverture du no 140 de la revue, le 1er octobre 1891, afin d’annoncer les deux pages qui sont consacrées à l’écrivain par Marcel Schwob (1867-1905). Comme Vallotton, Métivet présente Mendès en tenue d’intérieur, appuyé sur sa bibliothèque et devant son Rodin, une main dans la poche.
L’information selon laquelle ce portrait aurait été publié dans Le Figaro (Hahnloser-Bühler, 1936, p. 37) est erronée.
En avril 1894, Vallotton livre un masque de Catulle Mendès au Chasseur de chevelures, supplément de La Revue blanche.
1888LRZ65
«Portr dessin de Catulle Mendès»
1888
«Portr dessin Catulle Mendès»