No catalogue 013011
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
L'Épave
L'Épave
Autonome
On peut émettre l’hypothèse que comme quatre autres parus dans Le Courrier français et un cinquième publié dans Le Rire, ce dessin ait été exécuté initialement pour la suite de zincographies Paris intense (sur ce point voir Le Courrier français et Paris intense).
Il s’agit du deuxième des trois derniers dessins livrés par Vallotton au Courrier français restés impayés (sur ce point, voir ici).
Le thème de la noyade fascinait apparemment Vallotton, qui l’a repris dans Le Noyé paru dans Les Rassemblements en 1896. Il figurait déjà dans la xylographie Le Suicide de 1894, sans parler des dessins réalisés d’après le masque de l’Inconnue de la Seine.
Comme dans Les Rassemblements en 1896, la noyade fait partie intégrante des divers spectacles de rue (chanteur·se·s de rue, hercules de foire, vendeur·se·s à la criée, etc.) représentés dans la série de dessins fournis au Courrier français.
C’est en 1900 qu’est créée à Paris la brigade fluviale pour pallier la quantité importante de noyé·e·s repêché·e·s chaque année dans la Seine. Entre 1870 et 1914, la noyade « […] représente environ 30% des morts accidentelles et environ le quart des suicides […] » (Charles Vibert, Précis de médecine légale, Paris : Librairie J.-B. Baillière et Fils,1912, cité par Frédéric Chauvaud, « Submersions et catastrophes : les figures du noyé au XIXe siècle », in : Corps submergés, corps engloutis. Une histoire des noyés et de la noyade de l’Antiquité à nos jours, sous la dir. de Frédéric Chauvaud, Paris : Créaphis, 2007, p. 70).
À une époque où la morgue constituait un lieu populaire attirant jusqu’à un million de visiteur·se·s par an en raison de l’exposition publique des corps (voir L’Éclair du 19 août 1892), on ne s’étonnera guère que les noyé·e·s aient constitué une attraction macabre. Une fois déposés sur la berge, les corps pouvaient rester longtemps exposés à la curiosité des passant·e·s. Les badaud·e·s présent·e·s lors de noyades sont d’ailleurs évoqué·e·s par le médecin Jules Massé en 1855 : « Quand on retire un homme de l’eau et qu’on aborde, on trouve sur le rivage un tas de badauds poussés et ramassés là par humanité un peu, par curiosité beaucoup. / Cette foule est émaillée de quelques personnes sages ; mais la plupart des curieux sont tellement émus, tellement effrayés, qu’ils n’ont pas le sens commun. Il se groupent autour de vous, gênent les mouvements, obstruent l’air et empêchent les secours. / Il faut avoir le toupet de faire un peu le sergent de ville, et de renvoyer les spectateurs à distance. » (Jules Massé, La Médecine des accidents. Enyclopédie de la santé, Paris : Aux bureaux de l’Encyclopédie, 1855, p. 36).
Relevons que la lisibilité du monogramme est entravée par la présence d’une marque circulaire, certainement due à un dispositif de fixation du dessin pour procéder à son clichage en vue de sa reproduction photomécanique.
non spécifié
Monogrammé en bas à droite
Dessin de F. Vallotton
Le titre fait partie intégrante de l'illustration
A. Félix Vallotton, dessin définitif pour L'Épave, 1894, encre de Chine et crayon bleu sur papier, 32,5 x 25 cm, Collection particulière
Crédit photographique : ____
Droits : ____
1894LRZ199
«I'Epave. dessin»
1894
«l’Epave, dessin p. Courrier Français»
St-James, 1979, no 14
Morel, 2001, p. 201
Morel, 2002, p. 79