No catalogue 051064
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton (photographie : Etienne Malapert, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)
Droits : Réservés
Sans titre [C'est mon petit bonnet (à poil) des Batignolles...]
Sans titre [C'est mon petit bonnet (à poil) des Batignolles...]
C'est mon petit bonnet (à poil) des Batignolles. / Je l'ai payé trois francs vingt-cinq place Bréda / ... / Et Lemaître a gardé pour lui la jugulaire.
François Coppée
Autonome
Le bonnet à poil (ici sous cloche) ne fait plus partie de l’uniforme de l’armée en 1899. La légende humoristique indique que François Coppée (1842-1908), debout les mains croisées dans le dos, l’a acheté pour « […] trois francs vingt-cinq place Bréda […] » et Jules Lemaître (1853-1914) en a gardé la jugulaire. Cette légende n’est toutefois pas attribuable à Vallotton qui note sur le dessin original définitif (fig. A) : « Et ils disent que je ne suis pas ‹ intellectuel ›. ».
Cette couverture du Cri de Paris est la première de sept couvertures consécutives qui représentent un personnage contemporain en pied (sur ce point, voir ici). Elle est à mettre en relation avec la constitution de la Ligue de la patrie française en janvier 1899 en réaction à la Ligue des droits de l’homme créée en 1898. La Ligue de la patrie française, organisation politique nationaliste, rassemble les antidreyfusards intellectuels et mondains sous la double présidence de François Coppée et de Jules Lemaître, d’où le partage des éléments du bonnet militaire évoqué dans la légende du dessin.
Dans son ouvrage Vallotton dessinateur de presse, Ashley St-James complète l’information disponible sur ce dessin en avançant : « François Coppée est l’un des membres les plus actifs de la Ligue de la patrie française, qu’il a fondée avec Barrès et Jules Lemaître, pour combattre les dreyfusards, et que Le Cri de Paris n’appelle jamais autrement que ‹ la ligue des bonnets à poils ›, entendez : des cocardiers, des patriotards, comme on disait à l’époque, où les adjectifs en -ard faisaient fureur. C’est une des têtes de Turc préférées des satiristes républicains qui raillent notamment son retour à l’Église ; d’où le chapelet qui sort de sa poche. » (St-James, 1979, no 60).
C’est d’ailleurs en représentant Trois têtes sous un même bonnet… à poil que Charles Léandre (1862-1934) caricature Barrès, Coppée et Lemaître en couverture du Rire le 25 mars 1899.
Après avoir réalisé trois portraits de François Coppée (sur ce point, voir ici), Vallotton le représentera encore sur quatre couvertures du Cri de Paris : le 15 janvier 1899, le 9 juillet 1899, le 28 janvier 1900 et le 26 août 1900.
PHG V Michel
Dessin de F. Vallotton
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St-James, 1979, no 60
La Revue blanche, tome XVIII, no 136, 1er février 1899, quatrième de couverture.