Une lettre de Jules Renard à Vallotton datée du 22 octobre 1902 révèle le processus d’élaboration de cette couverture de Poil de Carotte : « Mon cher ami, Flammarion m’adresse des épreuves pour indication de coloris à faire. Je vous les fais porter afin que vous donniez à P. de C. la teinte qu’il mérite. Amicalement vôtre. Jules Renard » (Lausanne, Fondation Félix Vallotton). Non localisé à ce jour (voir ici), le dessin original au trait à l’encre de Chine est confié par l’éditeur à un photograveur. Celui-ci en produit quelques épreuves en noir et blanc (fig. A) qui sont ensuite remises à l’artiste pour rehaussement à l’aquarelle avec les couleurs à ajouter lors de l’impression (fig. B). La méthode est la même que celle qui préside à la coloration des couvertures du Rire (voir ici). Les couvertures des éditions ultérieures, notamment celles de 1939 et de 1946, présentent des variations dans les parties colorées.

Kathleen Hyden-David fait de cette illustration l’analyse suivante : « Avec le touchant personnage de Jules Renard, Vallotton nous donne une autre vision de l’enfance, celle de la solitude et de la souffrance. Dès la couverture du livre, le lecteur est frappé par la justesse de l’observation. [...] L’attitude suggérée avec l’habituelle économie de traits, est caractéristique de l’enfant solitaire, réfugié dans son monde intérieur, et, s’il s’apprête à tourmenter un insecte du bout d’une brindille, c’est pour tromper une solitude trop pesante. » (Kathleen Hyden-David, « Félix Vallotton. Une manière troublante d’être simple », Le Magazine du bibliophile, n^o4, février 2001, p. 15). Sur le thème de la cruauté enfantine, voir ici.

Monogrammé en bas à droite

Le titre fait partie intégrante de l'illustration

Voir fiches liées

Voir fiches liées