No catalogue 114000
Félix Vallotton, La Vie meurtrière, Lausanne : Les Lettres de Lausanne, 1930, page de titre
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
La Vie meurtrière
La Vie meurtrière
Roman avec sept dessins de l'auteur et une préface d'André Thérive
« Roman avec sept dessins de l'auteur » en première de couverture et en page de titre
Les Lettres de Lausanne
Date de l'achevé d'imprimer.
Les dessins sont réalisés en juin 1921.
La Vie meurtrière, l’un des trois romans de Félix Vallotton, a été rédigé entre janvier 1907 et janvier 1908, comme en témoigne la date en fin de texte. Sept dessins conçus pour l’illustrer ont été réalisés durant l’été 1921 : « Je fais […] quelques dessins pour un roman de ma manière ‹ Un meurtre › fait il y a quatorze ans et qu’on se décide à mettre au jour. Je l’ai revu aussi et épluché », écrit Vallotton dans son Journal le 27 juin 1921 (Documents, vol. III, p. 285).
Les efforts déployés en 1921 pour voir le roman publié s’avèrent tout aussi infructueux qu’en 1909, lorsque Vallotton s’était heurté au refus qu’Alfred Vallette, le directeur du Mercure de France, lui avait communiqué le 19 février 1909 : « Nous avons lu votre roman, puisque vous le désiriez, mais, comme je vous le disais lorsque vous me l’avez remis, sans espoir de l’utiliser. Il est en effet trop long pour paraître dans la revue, où nous ne pouvons publier que de tout petits romans. Et pour l’éditer en volume, le moment n’y est pas : la librairie à bon marché et bien d’autres causes ont mis le roman à 3.50 dans la plus fâcheuse position. Nous aurions pu naguère faire un sort à votre homme fatal : ce nous est impossible aujourd’hui. » (Documents, vol. II, lettre 222, p. 146).
En 1925, un mois avant sa mort, Vallotton confie son manuscrit à l’écrivain et journaliste André Thérive (1891-1967). Celui-ci œuvrera à la publication posthume du texte et de ses illustrations, d’abord en feuilleton dans cinq numéros consécutifs du Mercure de France, entre le 15 janvier et le 15 mars 1927 (voir Ah le bougre ! Il ne s'est pas raté, Hubertin, raide dans sa blouse noire, On s'embrasse, hein ?..., Trois mortelles heures j'errai..., Sur la table, la lampe éclairait, Joseph !... dit une autre voix, Leurs silhouettes s'enlevaient...), puis en volume préfacé de sa main, à Lausanne trois ans plus tard.
Trois paragraphes de Thérive introduisent la publication dans le Mercure de France. Ils décrivent La Vie meurtrière comme un roman « où des parts d’autobiographie se mêlent à une fiction poignante et terrible. Une vision naturaliste du monde s’y révèle autant que dans ses anciennes gravures, d’un sombre humour, dans ses tableaux où la précision, la sévérité ont quelque chose d’hallucinant pour les yeux, et désolant pour l’âme. Les souvenirs de sa formation artistique y paraissent aussi ; et mieux encore le tour d’un esprit âpre et caustique. Tous les psychologues seront curieux de ce témoignage, tous les historiens en feront leur profit. » (Mercure de France, no 686, 15 janvier 1927, p. 352).
Pour une présentation détaillée du roman, nous nous en remettons à Clément Dessy : « La Vie meurtrière fonctionne sur le mode du ‹ manuscrit trouvé › dans la filiation du célèbre texte de Jean Potocki devenu un topos littéraire. Chez Vallotton, c’est un commissaire de police qui découvre une enveloppe cachetée à son attention après avoir constaté un suicide. Le colis contient un texte autobiographique, écrit par le disparu, Jacques Verdier. Dès sa plus tendre enfance, Verdier se rend compte que sa présence est létale, c’est-à-dire que toute personne dont il se rapproche subit un grave malheur la conduisant à la mort ou à l’infirmité. Perdant successivement plusieurs amis, Verdier s’enferme dans la honte et le repli. Il décide, à sa majorité, de quitter son village natal pour Paris où il rencontre Darnac, un sculpteur. Ce dernier enjoint au nouvel arrivant d’écrire des articles d’histoire de l’art, qui déboucheront sur le projet d’un livre. Verdier fait aussi la connaissance de Mme Montessac dont il tombe amoureux. Sous couvert d’amitié, il lui déclare rapidement un amour auquel elle ne peut répondre, car elle est femme mariée. Les refus répétés désespèrent le jeune homme qui par dépit porte un soir son dévolu sur une prostituée... mais Mme Montessac finit par céder à ses avances, alors que Verdier ignore encore qu’il a contracté une maladie vénérienne par sa précédente mésaventure. Il se soigne avec succès, mais reste désemparé : on ne guérit de la maladie, mortelle, qu’à condition de la soigner comme telle. Ce qui reviendrait à avouer l’infidélité à Mme Montessac, avec le risque de perdre son amour, mais la certitude de lui sauver la vie. Verdier ne résolvant pas à livrer l’aveu, il condamne de la sorte sa bien-aimée au trépas. » (Dessy/1, 2015, pp. 225-226).
« Il a été tiré de cet ouvrage : 15 exemplaires sur Chine, dont 9 nominatifs, marqués AA à 00 ; 75 exemplaires sur Hollande Van Gelder, dont 65 nominatifs, numérotés I à LXXV ; 575 exemplaires sur vélin anglais, dont 75 hors commerce, numérotés 1 à 500 et 501 à 575 ; 25 exemplaires sur Japon impérial, dont 21 nominatifs, hors commerce, marqués A à Y ; 20 exemplaires sur vélin pur fil du Marais, dont 5 nominatifs, hors commerce, numérotés 01 à 020. »
Papier de Chine
Non cité
Non cité
Hermann, 1996, p. 386
Laurence Madeline, « Un Amour, Un Meurtre, La Vie meurtrière: un roman de Vallotton », in : Félix Vallotton. Le feu sous la glace, Isabelle Cahn, Marina Ducrey et Katia Poletti (éd.), cat. exp., Paris : Réunion des musées nationaux – Grand Palais / Musée d’Orsay, 2013, pp. 258–261
Clément Dessy, « Un roman de peintre: La Vie meurtrière de Félix Vallotton », in : Dessy, 2015/1, pp. 225–226
Exemplaire sur Chine