Autonome

La cruauté enfantine est un thème récurrent dans l’œuvre graphique de Vallotton. Il apparaît déjà en 1894 dans la xylographie Petits anges (Vallotton et Goerg, 1972, n^o 139), puis dans L’Ivrogne, dessin des Rassemblements. On le retrouve deux ans plus tard dans ces quatre dessins parus dans Le Rire sous le tire ironique Charmants enfants (voir encore le deuxième, le troisième, le quatrième) puis en 1902 sur la couverture de Poil de Carotte, où le héros est montré maltraitant un insecte, geste dont il n’est question nulle part dans le texte de Jules Renard. Le regard que Vallotton porte sur l’enfance n’est pas tendre. L’étrange frise décorative pour chambres d’enfants conçue en 1895-1896 est symptomatique de la mécompréhension qu’il avait d’eux.

Non cités au Livre de raison de Vallotton, ces quatre dessins étaient certainement destinés à un projet que Jules Renard lui soumet le 5 janvier 1897 : « Mon cher Vallotton, un nouveau journal, – La vie – me demande quelque chose. J’ai pensé à une fantaisie sur les enfants avec des dessins de vous. Si le cœur vous en dit (je n’ai d’ailleurs aucun renseignement sur ce journal) peut-être pourrions-nous voir. » (Documents, vol. I, lettre 91, p. 153). Le projet ne verra pas le jour dans cette revue non illustrée et de très brève existence (décembre 1897 à avril 1898), mais Vallotton en publiera finalement les dessins dans Le Rire.

Dessin de F. Vallotton

Non cité

1898

«Dessins p. le Rire 100»

St-James, 1979, [p. 6], n^o 27

Morel, 2002, p. 17