No catalogue 020000
Le Rire, no 1, 10 novembre 1894, première de couverture illustrée par Jean-Louis Forain
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton (photographie : Etienne Malapert, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)
Droits : Réservés
Le Rire
Le Rire
Journal humoristique paraissant le samedi / Journal humoristique illustré paraissant le samedi (dès le 2 novembre 1895)
La périodicité du journal devient mensuelle à partir de 1946.
La collaboration de Vallotton au Rire est annoncée dans le tout premier numéro de l’hebdomadaire humoristique fondé par le critique d’art Arsène Alexandre (1859-1937), responsable de la partie artistique, sous la direction de l’éditeur Félix Juven (1862-1947) :
« Le Rire publiera dans ses prochains numéros des fantaisies illustrées en couleurs et en blanc & noir de MM. J.-L. Forain, Willette, Caran d’Ache, Fernand Fau, Dépaquit, Paule Crampel, Courboin, Jossot, Georges Delaw, G. Darbour, D’Espagnat, Gyp, Heidbrinck, Jean Veber, Léandre, Louis Anquetin, Ch. Maurin, H. de Toulouse-Lautrec, P. Bonnard, Hermann-Paul, Marc Mouclier, Vallotton, Rupert-Carabin, Rœdel, etc., etc., Louis Morin, A. Schlaich, Alphonse Lévy, Grellet, Gumery, Verbeck, Vavasseur, Guydo, Charly, Lebègue. D’autres noms, aimés du public, et d’autres encore qui seront des surprises, seront prochainement révélés à nos lecteurs. » (Le Rire, no 1, 10 novembre 1894, p. 5).
Imprimé en noir et blanc sous une couverture couleur et diffusé à quelque 100’000 exemplaires (voir Bihl, 2010, pp. 575-578), Le Rire jouit d’un large succès et d’une influence considérable parmi les publications satiriques illustrées françaises. Il se distingue par son format tabloïd, par la qualité de son impression et surtout par le talent des dessinateurs recrutés grâce à la sagacité d’Arsène Alexandre. Leurs contributions sont aussi nombreuses et variées que les ressorts comiques dont ils usent dans le langage verbal, le langage iconique et, tout particulièrement, dans la caricature. Quant aux orientations politiques de l’hebdomadaire, leur hétérogénéité reflète la prudence de Félix Juven, soucieux de satisfaire le plus grand public, afin d’augmenter les ventes. Aussi la critique de l’ordre établi, de l’armée, du clergé ou des bourgeois n’atteint pas la férocité qui sera celle de L’Assiette au beurre.
Dans Le Rire, Vallotton est indissociable de Jules Renard (1864-1910), l’auteur des légendes, tout comme des plus longs textes qui commentent la plupart de ses dessins. Avec leur collaboration au journal débute une relation étroite entre les deux hommes qui partagent une même intention humoristique. Alors que le nom de Vallotton figure toujours à côté des dessins publiés, celui de Jules Renard est mentionné s’agissant des textes (Au Voleur !, Les Lutteurs, La Maîtresse), mais non des légendes.
59 dessins de Vallotton paraissent dans Le Rire entre le 1er décembre 1894 et le 2 juillet 1898, mais aucun en 1897 (sur ce point voir ici). On trouve, reproduits en couleur (sur le procédé de mise en couleur, voir ici), six illustrations de couvertures (voir Bleus d'aujourd'hui, Ne bougeons plus, [Sous l'Empire...], [Les pauvres oisifs !...], Dans la rue, [Hé! cocher !...]) et une de quatrième de couverture. S’y ajoutent quatre pleines pages en noir et blanc, dont deux Salons caricaturaux (voir [Oh m'man !...], Le Beau dimanche, Un Tour au Champ de Mars, Un Tour aux Champs-Elysées), et 28 vignettes illustrant la parution en pré-originale de La Maîtresse de Jules Renard. Sans oublier l’histoire séquentielle Une Affaire d’or, parue dans Le Rire le 13 juin 1896, en collaboration avec Tristan Bernard, dont Vallotton illustre aussi les Contes de Pantruche et d’ailleurs édités en mars 1897 par Félix Juven dans la « Petite collection du Rire ».
Vallotton touche 60 francs pour une couverture et 40 francs pour une pleine page à l’intérieur du journal (moins pour les autres dessins de plus petit format). Trois dessins parus dans Le Rire étaient initialement destinés au Courrier français (voir [Oh m'man !...], Le Beau dimanche, Le Coup de main).
Quinze jours après avoir annoncé la collaboration avec Caran d’Ache (1859-1909), Le Rire communique celle de Forain (1852-1931), régulière à raison d’un dessin à quinzaine, en précisant : « Le Rire [est], nous croyons pouvoir le dire sans fausse modestie, le plus original et le meilleur marché de tous les journaux humoristiques français. Avec la collaboration régulière d’artistes tels que Forain, Caran d’Ache, Léandre, Chéret, Jeanniot, Willette, L. Métivet, Gyp, Jean Veber, Vallotton, H. Toulouse-Lautrec, etc., etc., il devient sans conteste le premier des journaux amusants et artistiques. » (Le Rire, no 51, 26 octobre 1895, p. 3). Après cinquante numéros parus, Vallotton est donc considéré comme un collaborateur régulier. De plus, à la différence de ses confrères, il bénéficie presque exclusivement de pleines pages, une faveur réservée aux dessinateurs chevronnés.
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Le travail de dépouillement du Rire a révélé des différences d’un fascicule à l’autre pour un même numéro, aussi bien en ce qui concerne le nombre de pages que le contenu. Par exemple, une édition présente des têtes rouges derrière le titre, un prix de vente à l’étranger de 11 francs pour un an, de 6 francs pour six mois et indique comme adresse : 10, rue Saint-Joseph, tandis qu’une autre édition n’arbore pas de têtes rouges derrière le titre, a une mention interdisant toute reproduction des dessins et un prix de vente à l’étranger de 12 francs pour un an, de 6.50 francs pour six mois et donne comme adresse : 122, rue Réaumur. Diffèrent également le directeur-gérant (Félix Juven ou Léon Tonnelle) et l’imprimeur (imprimerie Paul Dupont, Paris ou imprimerie spéciale du Rire, Clichy ou encore imprimerie Juven, Clichy), comme le montre par exemple le numéro du 13 juillet 1895 ici et ici.
Voir fiches liées
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St-James, 1979, [pp. 7, 8]
Raymond Bachollet, « Les couleurs du Rire », Le Collectionneur français, no 198, février 1983, pp. 13-15
Abélès, 1999, pp. 316–317
Bachollet, 2003, pp. 219–221
Bihl, 2010
Bihl, Laurent, « Le Rire », Ridiculosa, no 18 (« Panorama de la presse satirique »), 2011, pp. 176-181