No catalogue 020014
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton (photographie : Etienne Malapert, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)
Droits : Réservés
Pour parler [La Maîtresse 1]
Pour parler [La Maîtresse 1]
En relation avec le chapitre éponyme
Du 16 novembre 1895 au 4 janvier 1896, Le Rire publie dans huit numéros successifs, en pré-originale sous la forme d’un roman-feuilleton : La Maîtresse de Jules Renard. Le texte et son illustration par Vallotton seront repris en volume en été 1896 chez l’éditeur Simonis Empis, à l’exception d’un dessin qui diffère de celui du périodique dans le livre.
La Maîtresse est une comédie constituée de saynètes dialoguées proches d’une pièce de théâtre. Elle ne sera pourtant portée à la scène qu’en 1964. Ses protagonistes, maîtresse et amant, portent les mêmes prénoms, Maurice et Blanche, que les ex-amants de la pièce en un acte, Le Plaisir de rompre, qui sera publiée l’année suivante. Mais les personnalités divergent comme le relève Léon Guichard en 1971 : « Bien que l’aventure et les personnages soient les mêmes, la Blanche du Plaisir de rompre est d’ailleurs assez différente de celle de La Maîtresse, bien plus fine, d’une autre tenue morale, d’un autre milieu, et Maurice est plus mufle. » (Renard, 1970-1971, vol. II, p. 600).
Le 10 octobre 1895, Jules Renard écrit à Félix Vallotton : « Vous me serez très agréable d’accepter la proposition que vous fait Arsène Alexandre, d’illustrer La Maîtresse qui va paraître au Rire. » (Documents, vol. I, lettre 70, p. 131). À cette date, les deux hommes ont déjà réalisé conjointement le numéro de Nib du 15 février 1895 et la fantaisie Au Voleur !, publiée dans Le Rire le 16 mars 1895. Deux jours avant la parution du premier épisode de La Maîtresse, Jules Renard se dit enchanté de la contribution de Vallotton : « Exquis vos premiers dessins » (Documents, vol. I, lettre 71, p. 132). L’illustration du texte se compose de 28 dessins au total, dont aucun n’est monogrammé. Huit sont des têtes de chapitres, avec la lettre dessinée dans un cartouche (voir Pour parler, La Veille, Le Contact, Cris dans la nuit, La Mise au point de leur amour, Les Manœuvres du gouvernement dévoilées, L'Inévitable Lettre, Dénouement possible) ; les vingt autres sont de simples vignettes, sans texte, la plupart en relation avec des sous-chapitres. Hormis cinq dessins à considérer comme des culs-de-lampe, tous sont délimités au bas par une ligne horizontale, qui coupe les personnages à mi-corps. Léon Guichard est le premier à évoquer, en 1936, à propos de ces « silhouettes sans relief » dessinées par Vallotton, « la physionomie sommaire, les traits anonymes des petites poupées de bois » du théâtre de marionnettes (Guichard, 1936, p. 133). On peut ajouter à la comparaison la gestuelle mélodramatique des figures, comme par exemple dans L’Alerte. Après avoir probablement envisagé des dessins flottants et plus détaillés (sur ce point, voir ici), Vallotton a pris le parti de les assoir sur une ligne et à résumer les personnages à des silhouettes aux visages parfois même privés d’yeux et de bouche. Cette simplification radicale montre combien il était en osmose avec le but poursuivi par Jules Renard d’un ouvrage où, « dans la tradition du roman-feuilleton, les situations sont schématisées, les personnages stéréotypés à l’extrême » (Vernois, 1990, p. 48). À l’image de ces mots prononcés par Maurice dans le chapitre La Mise au point de leur amour : « Je t’aime en gros, en bloc. Je ne perçois pas les détails. Quelle est la couleur de tes yeux et de tes cheveux, je n’en sais rien. Qu’importe la forme de ton nez ? »
Les mentions au Livre de raison et au Livre de comptes de l’artiste figurant dans cette fiche valent pour l’ensemble des 28 illustrations.
Non monogrammé
La Maîtresse / Par Jules Renard / Illustrations de F. Vallotton [titre de l'ensemble]
Le titre fait partie intégrante de l'illustration
1895LRZ276
«Illustration de "Ia maîtresse" de J Renard»
1895
«Illustration de "Ia maîtresse" de J Renard. p le Rire 100»
Léon Guichard, «L'illustration des œuvres. Les livres illustrés. La Maîtresse. Vallotton», in : Guichard, 1936, pp. 131–133
St-James, 1979, [p. 7]
Vernois, 1990, pp. 47–51
Hermann, 1996, pp. 381–382
Pierre-Charles Zenobel, «Vallotton illustrateur de Jules Renard», Art & métiers du livre, no 223, mars-avril 2001, pp. 24–27