No catalogue 062000
Otto Julius Bierbaum, Pankrazius Graunzer, der Weiberfeind, Berlin et Leipzig : Schuster & Loeffler, 3e édition, 1898, page de titre
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
Pankrazius Graunzer, der Weiberfeind
Pankrazius Graunzer, der Weiberfeind
Schuster & Loeffler
La première édition de ce livre de Otto Julius Bierbaum (1865-1910), dont le titre complet est Die Freiersfahrten und Freiersmeinungen des weiberfeindlichen Herrn Pankrazius Graunzer der Schönen Wissenschaften Doktor nebst einem Anhange wie schliesslich alles ausgelaufen, ne semble pas avoir été illustrée. L’édition de tête fait exception, qui se présente « avec une couverture artistiquement décorée » (« in einen künstlerisch ausgestatteten farbigen Deckel »), tel que le mentionne la page de garde de cette première édition ordinaire de 1896. Nous ignorons à quoi ressemblait cette couverture de l’édition de luxe, mais plusieurs éléments laissent penser qu’elle n’était pas de la main de Félix Vallotton.
Premièrement, en 1896, l’artiste n’évoque ni dans son Livre de raison, ni dans son Livre de comptes un projet d’illustration lié au nom de Storm ou à la Verein für Deutsches Schriftthum. Or, la première édition de Pankrazius Graunzer paraît sous l’égide de cette association créée le 10 juin 1894 par l’éditeur berlinois Hugo Storm (1866-1918). Son but était de promouvoir sans limite le mouvement littéraire du naturalisme et la poésie lyrique des jeunes poètes allemands (concernant la Verein für Deutsches Schriftthum, voir Neue litterarische Blätter. Zeitschrift für Freunde zeitgenössischer Literatur, édité par Heinrich Stümcke à Berlin, 3e année, n° 1 (1894), p. 16). Deuxièmement, le roman Pankrazius Graunzer figure sans aucune référence à une quelconque illustration dans la liste des livres de Otto Julius Bierbaum publiée en milieu d’année 1896 dans son livre Die Schlangendame. Troisièmement, aucun des comptes rendus de l’époque consultés ne fait mention d’une participation artistique de Félix Vallotton à ce livre, contrairement aux autres collaborations de Bierbaum et de l’artiste. Ainsi, Henri Albert (1869-1921), qui a travaillé avec Bierbaum et Vallotton notamment pour la revue Pan, ne relate dans sa critique publiée en septembre 1896 dans le Mercure de France que le contenu du livre. Il écrit en page 560 : « Il [Bierbaum] a achevé un roman comique d’un tour d’esprit singulier avec de curieuses recherches de style. Je l’avoue franchement, je n’aime pas la prose de M. Bierbaum : elle est contournée et artificielle, elle a quelque chose de vieillot qui, dans son article de critique, me désespère. Mais ici, dans cet humoristique Pankrazius Graunzer, tous ces défauts sont devenus presque des qualités. J’ai involontairement pensé à l’énorme Jean Paul en lisant l’histoire de ce célibataire endurci en tournée matrimoniale, un Jean Paul qui aurait lu Dickens et l’Auch Einer, de Vischer. Et le poète Bierbaum, celui qui a chanté jadis en des vers classiques, le poète qui sourit à chaque coin de page, dans les passages lyriques du roman, dans la délicieuse idylle du dénouement, m’a consolé du prosateur Bierbaum. »
Pankrazius Graunzer connaît un certain succès et Hugo Storm le réédite, sous son nom, dans la première moitié de l’année 1897. Cette deuxième édition est mentionnée dans le livre Stilpe de Otto Julius Bierbaum, publié fin septembre 1897. L’artiste de son côté note dans sa comptabilité, sous l’année 1897, qu’il a reçu 50 francs de la part de « M. Storm » pour un « dessin couverture ». Est-ce que cette deuxième édition aurait-elle été ornée d’un dessin de Félix Vallotton ? Nous ne le pensons pas, compte tenu qu’aucun des exemplaires consultés ne présente une couverture illustrée et que le registre des livres parus en Allemagne de 1897 tenu par l’éditeur Hinrichs à Leipzig (Verzeichnis der im deutschen Buchhandel neu erschienenen und neu aufgelegten Bücher, Landkarten, Zeitschriften etc., vol. 2, Leipzig : J. C. Hinrichs’schen Buchhandlung, 1897) mentionne pour le livre Stilpe en page 86 le portrait de Bierbaum par Vallotton, mais ne précise rien en ce qui concerne Pankrazius Graunzer.
Quelle couverture pour monsieur Storm note donc l’artiste ? En 1897, l’éditeur allemand publie les livres de plusieurs écrivains, dont Carl Bleibtreu, Stanislaw Przybyszewski et Paul Scheerbart. Or, seul le dernier, intitulé Tarub. Badgads berühmte Köchin. Arabischer Kulturroman, semble avoir été publié avec une couverture illustrée. Et celle-ci est dessinée par Hans Baluschek (1870-1935), non par Vallotton.
Quoi qu’il en soit, Hugo Storm fait faillite et quitte Berlin début avril 1898 pour une destination inconnue. (Storm utilisera dès lors le nom de Heinrich Conrad, quelquefois celui de Conradt, et travaillera entre autres pour l’éditeur Georg Müller [1877-1917] à Munich.) Le stock de livres est racheté par la maison d’édition Schuster & Loeffler à Berlin, qui publie en 1898 la troisième édition de Pankrazius Graunzer. Cette fois-ci, le livre est illustré d’une couverture par Félix Vallotton. Bien que nous ne puissions le prouver, nous pensons qu’il s’agit du dessin initialement réalisé pour Hugo Storm, étant donné que Vallotton n’a pas reçu d’honoraires de la part de Schuster & Loeffler en 1898.
En dehors de la première de couverture et du dos, cette troisième édition de Pankrazius Graunzer n’est pas illustrée.
Tirage courant sur papier d'édition : nombre d'exemplaires inconnu
Reliure : brochée et reliée
Prix de vente : 3 marks (édition brochée), 4 marks (édition reliée)
Non spécifié
Papier d'édition
1897LRZ345
« Dessin couverture p. M. Storm »
1897
« Dessin couverture p. M. Storm 50 »
Ducrey, 1995, pp. 32, 34
Une retranscription du livre est consultable sur Projekt Gutenberg-DE.
Édition ordinaire