No catalogue 003001
Crédit photographique : © Fondation Félix Vallotton / SIK-ISEA (photographie : Philipp Hitz)
Droits : Réservés
Portrait du graveur Félix Vallotton par lui-même
Portrait du graveur Félix Vallotton par lui-même
Félix Vallotton
En relation avec l'article d'Octave Uzanne, «La Renaissance de la gravure sur bois. Un néo-xylographe: M. Félix Vallotton», L'Art et l'idée. Revue contemporaine du dilettantisme littéraire et de la curiosité, no 2, 20 février 1892, pp. 112–119.
Cette illustration est un tirage original du bois de Vallotton (voir À Paul Verlaine, À Baudelaire, Portrait d'un bibliophile, Tête de vieille) qui fait partie des 1’660 exemplaires de la revue et non une reproduction photomécanique d’après l’épreuve d’un bois (voir Sans titre, Sans titre, M. J..., graveur contemporain, Une foule à Paris, Un enterrement en province, Sans titre).
En 1932, Louis Godefroy (1885-1934) intitule cet autoportrait « Félix Vallotton (sujet original) » (Godefroy, 1932, no 81) par analogie avec le qualificatif « sujet original » qui figure dans le Livre de raison et dans le Livre de comptes, sous l’année 1891. Or, par « sujet original », Vallotton entend certainement une xylographie qui n’est pas réalisée d’après une photographie ou une œuvre préexistante – comme l’ont été les gravures recensées jusque-là –, ce qui ne peut correspondre qu’à Une Foule à Paris, l’autoportrait étant lui bien exécuté d’après une photographie (fig. A). On doit en conclure que ce dernier n’est inscrit ni dans le Livre de raison, ni dans le Livre de comptes de l’artiste, ce qui ne manque pas de surprendre. Vallotton relèvera ce portrait plus tard, en 1898, sous l’année 1893 dans la Liste des gravures sur bois établie par ordre chronologique pour l’ouvrage de Meier-Graefe, alors en préparation. Il l’associe à l'autoportrait mentionné pourtant comme une peinture en 1893 dans son Livre de raison et dans le Livre de comptes, peinture qui, si tant est qu’elle n’ait jamais existé, n’a à ce jour pas été localisée (Ducrey, 2005, no 145).
On peut donc supposer que cet autoportrait n’a pas été gravé en 1891, mais en début d’année 1892, in extremis pour l’article d’Octave Uzanne, dans la foulée des xylographies produites pour ce texte et dont les mentions sont groupées en 1892 dans le Livre de raison et le Livre de comptes (à ce sujet, voir ici). Parlent en faveur de cette hypothèse les similitudes avec le portrait de Léon Schück (1857-1930) gravé en fin d’année 1892 (Vallotton et Goerg, 1972, no 108, p. 122), dont l’arrière-plan est lui aussi constitué d’un paysage. Le bibliophile d’origine marseillaise a probablement été séduit par l’autoportrait vu dans L’Art et l’idée et a commandé à Vallotton un portrait gravé dans la même veine.
Il convient de relever que l’arrière-plan de cet autoportrait est formé d’une vue de Lausanne, ville natale de Vallotton. C’est du moins ce que l’artiste confie en 1903 au critique américain Christian Brinton, lors d’une interview qui a nourri un article monographique dans la revue new-yorkaise The Critic : « […] his own thoughtful profile silhouetted against the roofs and crowning summits of Lausanne […] » (Brinton, 1903, p. 332). En 1896, Octave Uzanne se permet de modifier cet arrière-plan en grisant certaines zones lorsqu’il reprend l’autoportrait pour illustrer la page V du prologue à Rassemblements. Meier-Graefe ne manque pas d’en être choqué : « Je renvoie, comme une curiosité typique au portrait de Vallotton par lui-même à la page 5 de la préface où l’auteur s’est permis, sans avertir l’artiste, de faire retoucher le cliché pour rendre l’image ‹ plus gentille ›. Cela est incroyable ! » (Meier-Graefe, 1898, p. 60).
non spécifié [Félix Vallotton]
Monogrammé en bas à droite
Illustrations / Hors texte / Quatre portraits divers gravés sur bois dans le goût primitif par Félix Vallotton [sommaire de la livraison du 20 février 1892] / Portrait du graveur Félix Vallotton, par lui-même. Gravure sur bois. [Table des gravures hors texte du tome premier]
Non cité
Non cité
Félix Vallotton, Liste des gravures sur bois établie par ordre chronologique, 1891–1898, manuscrit, Lausanne, Fondation Félix Vallotton, sous 1893 [date erronée]: «44 mon portrait»
Meier-Graefe, 1898, no 3, p. 64 «Félix Vallotton» [sous 1891]
Brinton, 1903, p. 332
Godefroy, 1932, no 81 «Félix Vallotton (sujet original)» [sous 1891]
Vallotton et Goerg, 1972, no 82, p. 99 «Félix Vallotton» [sous 1891]
Cette illustration est reprise en 1896 dans Les Rassemblements, en page V du prologue (cliché modifié) et en 1898 en page de titre de la monographie de Julius Meier-Graefe.
Brinton, 1903, p. 331.
Shchekatikhin, 1918, p. 28.