Autonome

Cinq portraits (Napoléon I^er , Adolph Menzel, Félix Faure, la reine Victoria et l’empereur Guillaume II) ont été spécialement gravés pour l’ouvrage de Meier-Graefe. Il s’agit très probablement de tirages originaux et non de reproductions, à la différence des autres planches du livre (à ce propos, voir ici).

Napoléon Bonaparte (1769-1821) est un homme d’État français, premier Empereur des Français, qui a régné du 18 mai 1804 au 6 avril 1814, puis du 20 mars au 22 juin 1815.

La source iconographique de ce portrait est un tableau d’Horace Vernet (1789-1863) intitulé Bataille de Wagram, 6 juillet 1809 (1839, huile sur toile, 46,5 x 54,3 cm, Versailles, musée national du Château de Versailles et de Trianon). Il représente une scène de la guerre de la cinquième coalition : Napoléon est à cheval, entouré de son état-major, observant par une longue-vue le combat qui sévit au fond de la vallée. À peine achevé, ce tableau a été exposé dans la galerie des batailles du Château de Versailles et a largement circulé sous forme de gravures. Il est donc fort probable que Vallotton se soit inspiré de cette composition, notamment pour les détails de la tête vue de profil, le bicorne, couvre-chef emblématique de Napoléon I^er, ainsi que pour la longue-vue.

Félix Vallotton ne fait mention de cette xylographie ni dans son Livre de comptes, ni dans son Livre de raison. Elle figure en revanche sous l’année 1897 et avec la mention « 97 Napoléon » dans sa Liste des gravures sur bois établie par ordre chronologique, répertoire manuscrit rédigé en 1898. D’après le recensement chronologique dressé par Julius Meier-Graefe dans son ouvrage, il s’agit d’un portrait gravé expressément pour l’éditeur J. A. Stargardt de Berlin (p. 68). Le critique d’art le décrit de la façon suivante (pp. 31-32) : « Le Napoléon occupe une place spéciale. C’est, en dehors de son portrait par lui-même, le seul bois où il y ait un arrière-plan. Dans le fond des colonnes de fumée montent de l’amas de décombres des villages détruits. Mais que l’on n’en conclue pas à une interprétation romantique du héros, comme elle est courante, telle que l’a donnée de fantaisie, récemment encore, la fantaisie échevelée d’un De Groux. Le profil célèbre n’a nullement amené Vallotton à se livrer à des débauches de lignes. Il présente Napoléon la lorgnette à l’œil. Le visage ne révèle aucune trace de la certitude de la victoire, ou du lourd pressentiment, plus fameux encore. Il travaille, il observe, c’est la situation la plus naturelle, l’état physique de l’homme qui a passé toute sa vie dans une activité fébrile. La grandeur imposante du visage, malgré tout, est rendue quand-même [sic]. Le contraste entre les fermes contours du profil et les lignes délicates du reste, d’où résulte naturellement l’impression voulue, n’y contribue pas pour peu de chose. Ce portrait de l’aventurier corse enrichit d’une façon intéressante la joie [sic] série des ‹ Napoléon › qui ont été dessinés depuis deux ans, par plusieurs artistes, à l’occasion d’un concours du Figaro. »

En début d’année 1898, Vallotton livre un second portrait de Napoléon à La Revue blanche. Le masque qui accompagne la correspondance inédite de l’empereur, réunie par l’écrivain Paul Adam, ne présente toutefois aucune similitude avec la planche réalisée pour la monographie de Julius Meier-Graefe.

Monogrammé en bas à droite

«Napoléon I. pour J.A. Stargardt, Berlin», p. 68

Non cité

Non cité

Félix Vallotton, Liste des gravures sur bois établie par ordre chronologique, 1891–1898, manuscrit, Lausanne, Fondation Félix Vallotton, sous 1897: «97 Napoléon»

Meier-Graefe, 1898, n^o 93, p. 68 « Napoléon I. pour J.A. Stargardt, Berlin» et pp. 31-32

Godefroy, 1932, n^o 179

Vallotton et Goerg, 1972, n^o 181

Fritz von Ostini, « Felix Vallotton und sein Werk », Über Land und Meer. Deutsche illustrierte Zeitung, 1899, tome 84, n^o 50, p. 806.