Le Canard sauvage - baptisé ainsi d’après une pièce de théâtre de Henrik Ibsen (1828-1906) - est un hebdomadaire satirique et littéraire à tendance anarchiste, anticlérical et antimilitariste, paru en 31 fascicules de seize pages, du 21 mars au 18 octobre 1903.

Introduit par un texte d’Anatole France (1844-1924), le premier numéro précise que « Le ‹ Canard sauvage › est entièrement composé avec le caractère nouveau la ‹ Française légère › d’Auriol. ». Jusqu’à dix dessins paraissent dans chaque livraison, la plupart en pleine page, et en couleur s’agissant de la première et de la quatrième de couverture, parfois aussi de la double page centrale.

On ne sait pas grand-chose d’Edmond Chatenay, pseudonyme de Joseph Werner, l’éditeur de la publication. Parmi les rédacteurs permanents figurent Alfred Jarry, qui participe à tous les numéros à l’exception du onzième, Franc-Nohain et Charles-Louis Philippe. On trouve également les signatures de Jules Renard, Paul Acker, Ernest La Jeunesse, Pierre Soulaine, Henry Creil, Thomas Griffon et, occasionnellement, celles d’Octave Mirbeau, Tristan Bernard et Pierre Quillard. Plusieurs de ces collaborateurs venaient de La Revue blanche, dont le dernier numéro paraît le 15 avril 1903. Du côté des dessinateurs, Hermann-Paul, Félix Vallotton et Paul Iribe livrent un ou deux dessins par fascicule et ce du premier au dernier numéro. L’équipe des dessinateurs réguliers est complétée par František Kupka, Auguste Roubille et Théophile Alexandre Steinlen, auxquels viennent parfois s’ajouter Pierre Bonnard, Caran d’Ache, Lucien Pissarro, Adolphe Willette, Leonetto Cappiello, entre autres.

Quatre lettres que Hermann-Paul adresse à Félix Vallotton entre le 26 février et le 28 août 1903 (Lausanne, Fondation Félix Vallotton) mettent en évidence le rôle majeur que le premier jouait auprès de la direction du Canard sauvage et éclairent les conditions d’engagement de Vallotton. Le 26 février, Hermann-Paul annonce à son confrère qu’il a une proposition à lui faire, laquelle est suivie d’une rencontre avec Edmond Chatenay le 6 mars. Les deux lettres d’août ont trait aux difficultés financières de l’éditeur, sans doute raison pour laquelle Vallotton n’a pas été payé en juin ni en juillet, à en croire son Livre de comptes. Le 28 août, Hermann-Paul indique à l’artiste : « […] on reste dans le statu quo [Hermann-Paul souligne] jusqu’à ce que nous puissions nous réunir tous & prendre ensemble une décision commune. […] J’ajoute, d’une façon générale, que je me crois tenu envers le Canard à des sacrifices que je ne saurais demander aux camarades que j’ai été chercher […]. »

Après un mois d’existence, chaque numéro du Canard sauvage sera consacré à un thème en lien avec l’actualité, le plus souvent politique. Vallotton livrera 47 dessins au total où, en accord avec l’humour et le ton anticonformiste du journal, il fustige la bourgeoisie, les hommes politiques, le clergé et dénonce les brutalités de la police et de l’armée, ce jusqu’à la brusque interruption de la publication le 18 octobre 1903. De ces 47 dessins, 32 sont parus par paire dans seize fascicules. Ils traitent de manière variée d’un thème qui confère au numéro son titre (voir, par exemple, le sujet de la repopulation dans un premier et un second dessin).

1903LRZ505

«Dessins Canard Sauvage.»

1903

«Collaboration "Canard sauvage" (15 mars à fin mai) 625»

«Collaboration "Canard Sauvage" (août) 250»

St-James, 1979, [p. 9]

La publication est consultable sur Gallica.